Retour en bord de mer, avec le cĂ©lĂ©brissime petit phare d’entrĂ©e du port de S.




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
4 Commentaires
  1. Bienvenue Ă  Belle-Isle-en-mer dans le plus beau port du lieu ! Je connais bien, pour y avoir passĂ© une ou deux nuits le petit hĂ´tel du phare juste Ă  l’angle Ă  gauche sur la photo. Un vrai bonheur ! Une Ă®le qui n’a pas volĂ© son nom … et une photo qui lui rend hommage !

  2. Merci Estienne, et bravo pour ta perspicacitĂ©…
    Je retourne également assez souvent sur cette belle île la bien nommée et dans ce petit port particulièrement agréable, surtout en moyenne saison.
    Aux dernières vacances de la Toussaint, comme nous logions dans une petite maison donnant sur les quais, je m’Ă©tais promis de faire cette mĂªme photo tĂ©moin Ă  la mĂªme heure tous les matins pour illustrer la grande variĂ©tĂ© des lumières, mais j’ai mis la barre trop haut (ou plutĂ´t le rĂ©veil trop tĂ´t) et je n’ai pas tenu trois jours, hĂ©las.

  3. Joli e lumière sur ce quai dĂ©sert. J’avais pensĂ© Ă  Port Marion, le dĂ©cor du Prisonnier.

  4. On s’y croirait… et il y a de la place sur les bancs pour une pause contemplative en se rĂ©chauffant aux premiers rayons du soleil!

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.