Dans le bateau du retour de Belle-Ile Ă  Quiberon, le 27 octobre dernier, les passagers ont Ă©tĂ© surpris d’entendre soudain rĂ©sonner de la musique bretonne. Le Cercle des danseurs du Maen en Douar, vĂªtus de leurs costumes traditionnels, faisait route pour un festival sur le Continent, accompagnĂ© du bagad local. Les musiciens ont sorti leurs instruments et, tant bien que mal, se retenant aux sièges comme ils pouvaient, se sont mis Ă  jouer, alternant an dro, fisel, gavotte, des airs de bal musette, et les danseurs et danseuses ont commencĂ© Ă  tourner autour des passagers, un peu secouĂ©s jusque-lĂ  par une mer lĂ©gèrement formĂ©e. Larges sourires, attroupement, applaudissements : le public improvisĂ© en a oubliĂ© le tangage et a joliment saluĂ©, ravi de la performance.

Entre le fantastique de mon image prĂ©cĂ©dente et l’ethnologie des dernières images de Monsieur HR…




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
12 Commentaires
  1. Bel alignement des trois coiffes et des trois inclinaisons des visages.
    Dommage que l’Ă©lĂ©ment au fond sur le mur vienne perturber la composition.

  2. Sur le vif. Ça me fait penser aux pardons que j’ai connus Ă©tant gamin.

  3. GB : J’ai pensĂ© d’abord le supprimer, avant de me dire qu’il fallait que je conserve des indices qu’on est dans un lieu particulier. Mais c’est vrai qu’une bouĂ©e par exemple aurait Ă©tĂ© une trace plus pertinente…

  4. PlutĂ´t rien, un mur blanc aurait fait l’affaire, d’après moi.

  5. Et dans ce cas corriger Ă©galement le carrĂ© qui est derrière la coiffe de la demoiselle du fond… OK, j’y travaille.

  6. C’est vrai que c’est pas mal comme ça .

  7. Merci GB. C’est beaucoup mieux ainsi et bien mieux que ce Ă  quoi j’Ă©tais parvenu ce WE. Tu ne proposes pas de formation PS par hasard ?
    Amicalement.

  8. Et de fait j’ai omis de prĂ©ciser que j’ai remplacĂ© ma version initiale par celle que tu as amendĂ©e, GB. Merci deux fois donc.

  9. Mais j’en suis…honorĂ© et tant mieux si cette correction met mieux en valeur ta prise de vue très rĂ©ussie, Matoufilou.

  10. J’ai entrevu avant de partir ce week-end la version originale. Et bien, le nettoyage valait le coup : bien jouĂ© !

  11. Merci Estienne, je repasse le compliment Ă  GB.

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