Depuis la Rhune (commune de Sare), en regardant vers le pays basque espagnol.




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
11 Commentaires
  1. “Pourtant, que la montagne est belle”… Top !

  2. Montagne mythique oĂ¹ l’on croise les pottiocks.

  3. Mon garçon en a un dans son lit depuis deux ans (en peluche).

  4. Que sont tous ces points blancs et notamment sur la partie basse de la photo ? Négatif scanné ?

  5. Nous avons les Pottioks cĂ´tĂ© nord et les Bedous cĂ´tĂ© sud : les brebis (je ne sais pas comment on dit en basque). Quant aux points lumineux le long de la route, je pense que ce sont des baliveaux, dĂ©jĂ  en place dès l’automne. Et ce n’est pas un nĂ©gatif scannĂ©.

  6. Le ruban de la route est bien mis en valeur par la lumière et le cadrage. J’aurais peut-Ăªtre sous-exposĂ© lĂ©gèrement le versant tout Ă  gauche pour accentuer encore plus ce ruban et Ă©quilibrer l’image. Cette photo m’en Ă©voque une autre que j’ai dĂ» prendre Ă  peu près du mĂªme endroit il y a longtemps. Je vais chercher…

  7. @ Monsieur HR : J’avais un doute, mais après recherche je confirme que le cheval traditionnel basque s’Ă©crit Pottok (mais se prononce bien Pottiok).
    @ JLB : Si tu retrouves ton clichĂ©, ce serait intĂ©ressant de comparer le point de vue… Quant Ă  la gauche lĂ©gèrement surexposĂ©e, je penche pour un effet de la brume en cours de dissipation au moment du dĂ©clenchement. J’ai foncĂ© un peu les clairs avant publication, mais la nuance est fragile et l’autre cĂ´tĂ© se trouve vite dĂ©stabilisĂ©.

  8. C’est juste.

  9. Je trouve la lumière bien rendue avec ce traitement et j’aime ce chemin qui nous conduit vers la lumière.

  10. je pense Ă  ça en voyant ça…

    Richard Long dit que sa dĂ©marche c’est la marche. Il arpente. Quand on arpente on pense. Il aime les dĂ©serts, tout ce vide au-dessus de la tĂªte. Il n’y a rien que le sol aride. Il fait un cercle de pierre, prend sa photo et puis il remet tout en place pour ne pas dĂ©ranger la nature. Plus tard, sous un soleil Ă©crasant, il sort une antique cafetière en Ă©mail remplie d’eau et dessine de son bec Ă©brĂ©chĂ© de minces tracĂ©s de fleuves immenses : l’Amazone, le Zambèze, le Nil…

  11. Arpenter, penser, capter, ne pas dĂ©ranger… C’est une jolie leçon, merci Brigitte.
    Et merci Blagapart.

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