Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
8 Commentaires
  1. Une image Ă  la poĂ©sie peut-Ăªtre plus sombre que la prĂ©cĂ©dente… J’attends vos avis.

  2. Voila pourquoi l’homme serait un loup pour l’homme ?

  3. Tu peux préciser ta pensée, Monsieur HR ?

  4. Je vois une gueule de loup sur le ventre de cette femme enceinte. Serais je sujet Ă  des hallucinations ?

  5. Les yeux, le museau, effectivement, c’est troublant. Je n’avais pas vu et cela ajoute une histoire Ă  l’histoire. Merci Monsieur HR.
    L’idĂ©e d’hallucination par ailleurs me paraĂ®t pertinente : l’ensemble de la scène est hallucinatoire.

  6. Une image dont le traitement se rapproche d’un nĂ©gatif, avec des clairs qui s’assombrissent et des ombres qui sortent de leur cachette, comme pour dire qu’une autre histoire est possible. Monsieur HR a d’ailleurs dĂ©jĂ  bien commencĂ©, et l’imagination de chacun continuera!

  7. Quant à moi, des images de Terminator me reviennent, quand les corps se reforment à partir de métal.
    Mais Terminator, c’est moins sexy !

  8. Le loup, Terminator, on peut aussi penser Ă  ces aliens qui prennent possession des corps… Dans mon esprit, l’effet gĂ©latineux faisait rĂ©fĂ©rence au placenta. Et je voyais cette femme Ă  la grossesse bien avancĂ©e comme se rĂªvant dans son propre ventre.
    Fantasme de noyade placentaire certainement très masculine.
    Plus prosaĂ¯quement, je voulais conserver la couleur bronze du corps, que je trouvais intĂ©ressante, et habiller la partie gauche, un peu vide. D’oĂ¹ cette idĂ©e de montage.

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