Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
7 Commentaires
  1. Très pictural, un tableau grandeur nature.
    MRVR

  2. Hommage Ă  Freddy Rapin… et Ă  Philippe Durand bien sĂ»r.

  3. Quel bel Ă©loge ! Magnifique ! Savoir ne pas trop en montrer est un art difficile. Et le flou n’est jamais simple Ă  maĂ®triser. Bravo !

  4. Merci Estienne, ça c’est du compliment.

  5. Il y a aussi de l’Ă©motion qui passe dans ce portrait.
    MRVR

  6. Présente, tout en gardant son intimité. Superbe travail!

  7. C’est Ă  rougir, merci Ă  vous.

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