Sous une de vos précédentes photos (diptyque), vous avez écrit :
“Si elles déragent un peu, c’est bien !
Je les aient réalisées quand je travaillai dans un service de long séjour, c’est un peu notre miroir à tous”.
Donc vous allez être ravi par mon regard.
Je ne suis absolument pas d’accord avec votre vision des choses à moins que je n’ai pas saisi un double sens s’il existait.
Je ne me retrouve pas dans votre miroir.
Vous ne nous montrez que votre seule vision des vieux, de ceux avec qui vous avez travaillé, du ressenti que vous en avez eu (et peut-être de votre aigreur vis-à-vis de ce milieu de travail), et vous les avez “arrangés” avec votre flash pleine face, à la sauce que vous vouliez les voir, un peu en les disséquant “à la judiciaire”, très crûment.
Personnellement, je ne les vois pas comme mon miroir ou comme le miroir de nombreuses personnes âgées que j’ai pu connaître ou rencontrer.
Je n’ai jamais vu de vieux de cette manière, quelque vécu, traces ou blessures du temps, qu’ils aient eu, dans hôpitaux de fin de vie ou pas.
Là c’est comme je le lisais aussi, j’y vois un reportage à la Weegge, pour certains de presque mourants.
Pour moi, cette personne ci-dessus semble avoir été photographiée avec un peu plus d’humanité.
Maintenant chacun son histoire et son ressenti je ne discute pas et ne remet pas en question le vôtre, ce n’est qu’un échange de point de vue.
Patrick Hirtz
sur 15 décembre 2009 à 10h08
Ce portrait comme les précédents me touchent tant il est vrai qu’ils me renvoient à ces visages de nos ainés que je croise au quotidien dans le cadre de mon exercice médical et provenant de ces services de gériatrie long séjour, trop souvent lieu d’abandon de vies finissantes…
bernard lev
sur 15 décembre 2009 à 12h02
Patrick je suis entièrement d’accord sur le fait que ces services de gériatrie sont souvent des lieux d’abandon pour en avoir pratiqué certains pendant un certain temps.
Au-delà de mon ressenti, j’aimerais vraiment comprendre pourquoi, toi et GP, puisque vous travaillez dans le même milieu, traduisez-vous votre “ressenti” vis-à-vis de ces personnes abandonnées sous cette forme photographique aussi crue et violente (suivant mes critères), pourquoi cette représentation te touche ?
Est-ce une forme de “distance” que vous instaurez pour vous protéger ou est-ce une forme de provocation («Si elles déragent un peu, c’est bien “) pour interpeller sur la violence qui leur est faite ?
Penses-tu que ce soit le meilleur langage ?
Bon, beaucoup de questions pour comprendre cette forme de représentation 😉
GP
sur 15 décembre 2009 à 17h24
C’est une forme provocatrice.
La violence! c’est la violence qui leur est faite par notre société.
Pourquoi notre société ne veut pas voir de vieux, si ce n’est des retraités dynamiques ?
Pour ma part j’ai d’excellent souvenir de mes années en long séjour et ne suis pas aigri, ce sont des services très formateur, plein d’humanité et d’empathie ,mais aussi des services difficile,et à la fois plein de douceur,la vie quoi, avec toute ses contradictions.
Est ce que c’est le meilleur langage pour parler des vieux je ne sais pas?
En l’écrivant le mot vieux me dérange!
vieux ,ainés ,personnes âgées lequel choisir?
bernard lev
sur 15 décembre 2009 à 18h50
@ GP
Je dirais que nous sommes profondément d’accord sur le fond et je comprends mieux le propos photographique.
Merci de ta réponse
Patrick Hirtz
sur 15 décembre 2009 à 19h17
Cette forme photographique crue et violente pour reprendre tes mots Bernard reflète une réalité : celle de ces personnes âgées que notre société ne veut effectivement pas voir ni montrer parce qu’elle dérange en particulier lorsque ces personnes présentent une détérioration des fonctions supérieures. Présenter ces photographies c’est donc une façon d’interpeller sur la violence qui leur est faite. La prise en charge des “grands vieillards” fait partie de mon quotidien médical et nécessite humilité, humanité, beaucoup de patience et de délicatesse. Quant aux dénominations vieux, vieille, vieillard, ainé(e), personne âgée…aucune ne me gêne.
En Afrique les expressions “le vieux”, “la vielle” désignent affectueusement le père et la mère. Dans son “l’ancien” est l’homme à qui son âge confère le rang d’un notable…
christian B.
sur 15 décembre 2009 à 21h30
Je n’ai pas le magazine sous la main, mais votre série de photos me rappelle un des photographes publiés dans le numéro spécial Réponses-Photo consacré au portrait.
Une photo réussie dans un genre dérangeant, est-elle réussie ou dérangeante ?
bernard lev
sur 15 décembre 2009 à 23h17
Patrick nous sommes toujours d’accord sur le fond, mais je suis dérangé par la forme.
Je reprends tes mots “une façon d’interpeller sur la violence qui leur est faite.”
Le discours (généreux et humain) que vous voulez transmettre sur la violence qui leur est infligée n’ai pas visible sur leur visage, au moins au moment de la photo, nulle souffrance, nulle tristesse, nul regard d’abandonné, de déroute, de peur, de crainte, seulement des visages qui sourient, contents que l’on s’intéresse à eux pour une fois.
Pourquoi ne pas dépeindre (les dépeindre avec) leur environnement, pourquoi ne pas leur donner la clé de la photo que vous voulez faire avec eux, suivant la même technique “violente” dramatisante, pourquoi les dénaturer eux seuls (portrait serré) alors qu’ils sont tout sourire et contents d’être pris en photo ?
Par la forme photographique adoptée et leur attitude en décalage, c’est comme si on les utilisait pour faire passer un message qu’ils ne portent pas sur eux, à leur insu.
C’est pour cela que je suis gêné.
J’espère avoir été relativement clair, je me suis un peu répété 😉
PS. L’ancien dans ma famille çà aura été celui qui avait une forme de sagesse
bernard lev
sur 15 décembre 2009 à 23h29
@ christian
Réussie ou dérangeante sont des critères tellement flous et personnels qui font entrer en jeu son éducation, sa culture, son vécu.
@ Bernard
Dans la réponse que je te faisais, il convenait de lire : Dans son village, “l’ancien” est à qui son âge confère le rang d’un notable…et comme dans ta famille celui de la sagesse…
En ce qui concerne la forme, je comprends la gêne que tu éprouves et trouve pertinente la mise en cause que tu en fais…
Sous une de vos précédentes photos (diptyque), vous avez écrit :
“Si elles déragent un peu, c’est bien !
Je les aient réalisées quand je travaillai dans un service de long séjour, c’est un peu notre miroir à tous”.
Donc vous allez être ravi par mon regard.
Je ne suis absolument pas d’accord avec votre vision des choses à moins que je n’ai pas saisi un double sens s’il existait.
Je ne me retrouve pas dans votre miroir.
Vous ne nous montrez que votre seule vision des vieux, de ceux avec qui vous avez travaillé, du ressenti que vous en avez eu (et peut-être de votre aigreur vis-à-vis de ce milieu de travail), et vous les avez “arrangés” avec votre flash pleine face, à la sauce que vous vouliez les voir, un peu en les disséquant “à la judiciaire”, très crûment.
Personnellement, je ne les vois pas comme mon miroir ou comme le miroir de nombreuses personnes âgées que j’ai pu connaître ou rencontrer.
Je n’ai jamais vu de vieux de cette manière, quelque vécu, traces ou blessures du temps, qu’ils aient eu, dans hôpitaux de fin de vie ou pas.
Là c’est comme je le lisais aussi, j’y vois un reportage à la Weegge, pour certains de presque mourants.
Pour moi, cette personne ci-dessus semble avoir été photographiée avec un peu plus d’humanité.
Maintenant chacun son histoire et son ressenti je ne discute pas et ne remet pas en question le vôtre, ce n’est qu’un échange de point de vue.
Ce portrait comme les précédents me touchent tant il est vrai qu’ils me renvoient à ces visages de nos ainés que je croise au quotidien dans le cadre de mon exercice médical et provenant de ces services de gériatrie long séjour, trop souvent lieu d’abandon de vies finissantes…
Patrick je suis entièrement d’accord sur le fait que ces services de gériatrie sont souvent des lieux d’abandon pour en avoir pratiqué certains pendant un certain temps.
Au-delà de mon ressenti, j’aimerais vraiment comprendre pourquoi, toi et GP, puisque vous travaillez dans le même milieu, traduisez-vous votre “ressenti” vis-à-vis de ces personnes abandonnées sous cette forme photographique aussi crue et violente (suivant mes critères), pourquoi cette représentation te touche ?
Est-ce une forme de “distance” que vous instaurez pour vous protéger ou est-ce une forme de provocation («Si elles déragent un peu, c’est bien “) pour interpeller sur la violence qui leur est faite ?
Penses-tu que ce soit le meilleur langage ?
Bon, beaucoup de questions pour comprendre cette forme de représentation 😉
C’est une forme provocatrice.
La violence! c’est la violence qui leur est faite par notre société.
Pourquoi notre société ne veut pas voir de vieux, si ce n’est des retraités dynamiques ?
Pour ma part j’ai d’excellent souvenir de mes années en long séjour et ne suis pas aigri, ce sont des services très formateur, plein d’humanité et d’empathie ,mais aussi des services difficile,et à la fois plein de douceur,la vie quoi, avec toute ses contradictions.
Est ce que c’est le meilleur langage pour parler des vieux je ne sais pas?
En l’écrivant le mot vieux me dérange!
vieux ,ainés ,personnes âgées lequel choisir?
@ GP
Je dirais que nous sommes profondément d’accord sur le fond et je comprends mieux le propos photographique.
Merci de ta réponse
Cette forme photographique crue et violente pour reprendre tes mots Bernard reflète une réalité : celle de ces personnes âgées que notre société ne veut effectivement pas voir ni montrer parce qu’elle dérange en particulier lorsque ces personnes présentent une détérioration des fonctions supérieures. Présenter ces photographies c’est donc une façon d’interpeller sur la violence qui leur est faite. La prise en charge des “grands vieillards” fait partie de mon quotidien médical et nécessite humilité, humanité, beaucoup de patience et de délicatesse. Quant aux dénominations vieux, vieille, vieillard, ainé(e), personne âgée…aucune ne me gêne.
En Afrique les expressions “le vieux”, “la vielle” désignent affectueusement le père et la mère. Dans son “l’ancien” est l’homme à qui son âge confère le rang d’un notable…
Je n’ai pas le magazine sous la main, mais votre série de photos me rappelle un des photographes publiés dans le numéro spécial Réponses-Photo consacré au portrait.
Une photo réussie dans un genre dérangeant, est-elle réussie ou dérangeante ?
Patrick nous sommes toujours d’accord sur le fond, mais je suis dérangé par la forme.
Je reprends tes mots “une façon d’interpeller sur la violence qui leur est faite.”
Le discours (généreux et humain) que vous voulez transmettre sur la violence qui leur est infligée n’ai pas visible sur leur visage, au moins au moment de la photo, nulle souffrance, nulle tristesse, nul regard d’abandonné, de déroute, de peur, de crainte, seulement des visages qui sourient, contents que l’on s’intéresse à eux pour une fois.
Pourquoi ne pas dépeindre (les dépeindre avec) leur environnement, pourquoi ne pas leur donner la clé de la photo que vous voulez faire avec eux, suivant la même technique “violente” dramatisante, pourquoi les dénaturer eux seuls (portrait serré) alors qu’ils sont tout sourire et contents d’être pris en photo ?
Par la forme photographique adoptée et leur attitude en décalage, c’est comme si on les utilisait pour faire passer un message qu’ils ne portent pas sur eux, à leur insu.
C’est pour cela que je suis gêné.
J’espère avoir été relativement clair, je me suis un peu répété 😉
PS. L’ancien dans ma famille çà aura été celui qui avait une forme de sagesse
@ christian
Réussie ou dérangeante sont des critères tellement flous et personnels qui font entrer en jeu son éducation, sa culture, son vécu.
Qu’est-ce une photo dérangeante… choquante ? grossière ? vulgaire ? violente ? glauque ?
@ Bernard
Dans la réponse que je te faisais, il convenait de lire : Dans son village, “l’ancien” est à qui son âge confère le rang d’un notable…et comme dans ta famille celui de la sagesse…
En ce qui concerne la forme, je comprends la gêne que tu éprouves et trouve pertinente la mise en cause que tu en fais…
Une photo dégueulasse!