Cap Mail, le bĂ¢timent qu’on voit Ă  droite, construit par Jean Nouvel, propose les m² les plus chers de Rennes. C’est toute la situation actuelle rĂ©sumĂ©e.




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
9 Commentaires
  1. Hommage en passant Ă  M. Rigault.

  2. Merci Matou, j’espère en voir beaucoup d’autres comme ça.

  3. Saisissant !
    Bravo pour ce mini reportage, sans jetter l’oprobe sir Mr Nouvel, qui ne m’Ă©merveille pas tout le temps par ses crĂ©ations, je dois dire qu’ici :”il a de la gueule”. Un peu comme notre ami de gauche (sur la photo…) qui aurait sa place dans une Å“uvre de JP MOKY (j’espère ne pas avoir mal orthographiĂ© son nom); je dit ceci avec tout le respect que je porte au cinĂ©aste ainsi qu’Ă  l’acteur potencitel.
    Bravo et merci pour la découverte de cet édifice.
    Franville

  4. Jean-Pierre Mocky aurait adoré je pense filmer la naissante incandescence ambiante.
    Son fils, Stanislas Nordey, a dirigĂ© l’Ă©cole du TNB Ă  Rennes, et ses mises en scène de Pasolini restent des temps forts intemporels.
    La rue comme dernier rempart ?

  5. “la rue est Ă  nous, que la joie vienne” (Annie Chancel dite Sheila). Une fois la plaisanterie refermĂ©e, la question mĂ©rite d’Ăªtre rĂ©flĂ©chie.
    MRVR

  6. Sheila la lutte finale…

  7. Vu d’en haut, il y aura toujours une France d’en bas, c’est un problème de plongĂ©e, et pour la France d’en bas de contre plongĂ©e et mĂªme avec un dĂ©centrement cela ne changera rien !

  8. Avant qu’un poète ne chante “les femmes sont l’avenir de l’homme”, on n’y croyait pas. Et pourtant.
    De mĂªme, on a ri quand un autre poète, Victor Hugo, a dĂ©clarĂ© Ă  la tribune de l’AssemblĂ©e Nationale qu’un jour les enfants n’iraient plus Ă  la mine. Et pourtant.
    Donc oui tout est question de regard mais aussi de rĂªve. Et on peut rĂªver qu’un jour il n’y ait plus un homme, le plus riche du monde, un Français, Ă  gagner 5000 fois ce que je gagne chaque jour et qui est pourtant le salaire moyen de nos concitoyens. Et ce alors qu’il y a 4.8 millions de pauvres en France, dont 2.8 millions qui travaillent.
    Donc oui, derrière les mots, y a bien une réalité, y a bien deux France et si on ne les réconcilie pas on est mal barre.

  9. Nous ne sommes rien, soyons tout !
    MRVR

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