La Venise aimĂ©e, c’est ce vieux quartier de Castello, encore habitĂ© par des gens de condition modeste, Ă  l’Est de l’Arsenal, et qui s’Ă©tend jusqu’Ă  l’Ă®le de San-Pietro. J’adore l’ambiance qu’on y trouve, et qui diffère selon les moments de la journĂ©e.




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
12 Commentaires
  1. Un emcombrement, plus sympathique que celui de la place des Doges, et bien restitué par ce cliché plein à ras bord.

  2. Quartier fort plaisant en effet! MĂªme si on y voit peu d’habitants la photo par sa densitĂ©, rend bien compte de la vie et de l’animation qui peut y rĂ©gner.

  3. @ GBertrand : Tellement d’histoires se racontent dans ce genre d’endroit qu’on ne sait par oĂ¹ commencer. J’aime bien ce principe de la saturation.
    @ JLB : C’est le dernier quartier de Venise qui parvient Ă  vivre sans trop se prĂ©occuper des touristes, mĂªme si lĂ  comme partout (et peut-Ăªtre plus qu’ailleurs) les nouvelles pratiques de location ont des consĂ©quences dĂ©sastreuses sur les prix des loyers.
    Ce serait donc une photo ethnologique ? Cela me va. Merci Ă  vous deux.

  4. Souhaitons qu B&B n’envahisse pas cet espace populaire.

  5. Ambiance restituée . Bravo

  6. Le linge aux fenĂªtres sera bientĂ´t subsidiĂ© par l’office du tourisme, mais en attendant c’est un bonheur de voir vivre un quartier!

  7. Le linge sur ces fils comme autant d’Ă©tendards proclamant le refus d’une ville aseptisĂ©e.

  8. La ville n’est pas aseptisĂ©e, mais endosse de plus en plus son destin de Disneyland. ce qui veut dire beaucoup plus de cruautĂ© dans l’exploitation des petites mains qui font tourner les attrape-touristes. Les quelques poches encore habitĂ©es par des gens qui pensent que c’est encore une ville exhibent un “pittoresque” de la pauvretĂ© que je ne regretterais pas de voir disparaitre. Beaucoup de ces immeubles abritent les immigrĂ©s (plongeurs, cuistots, vendeurs asiatiques) entassĂ©s dans des lieux si exigus que les lits ne laissent quasiment pas de place pour vivre.
    Enfin… je retourne Ă  Venise quand mĂªme !

  9. Merci pour ce rappel à la réalité.
    Mais en mĂªme temps, chez moi, l’impĂ©ratif d’attirer les touristes a failli dĂ©boucher sur l’expulsion d’un bar destinĂ© aux sans abris parce que cela nuisait Ă  l’esthĂ©tique urbaine.

  10. @HR : le monde est compliqué !

  11. Une image pleine de vie ! Mais je réduirais le vignettage qui grise les coins supérieurs de façon un peu désagréable à mon sens.

  12. @ Estienne, j’ai fait le choix d’adoucir au maximum (et pas seulement pour le linge), mais je vais rejeter un Å“il sur la vue d’origine, Ă  prĂ©sent que j’ai un peu de recul…
    Merci Ă  tous pour vos commentaires.

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