Un photographe du côté de la butte aux cailles dans le 13ème arrondissement de Paris.

voilĂ  ce que j’avais Ă©crit Ă  l’Ă©poque sur cette photo :

L’homme au chapeau prend des photos. C’est drĂ´le comme l’introduction du numĂ©rique a changĂ© notre manière de procĂ©der. Avant, on regardait dans le viseur, l’Å“il et le visage rivĂ© Ă  l’appareil, “shoote, shoote!!”, aujourd’hui, on regarde l’image au dos et on brandit l’appareil comme un cadre qui va nous permettre de prĂ©lever une mince pellicule du rĂ©el.
Cette balade de cadres dans les airs change la gestuelle des photographes, ils promènent leur mini cadre, souvent au dessus de leurs tĂªtes, jusqu’Ă  qu’ils soient satisfaits de la scène qu’ils croient prendre.
Les photographes deviennent alors des petits rats d’opĂ©ra qui lèvent leurs mains pour effectuer de jolies arabesques, ils ne ressemblent plus Ă  ces chasseurs embusquĂ©s prĂªts Ă  tirer sur tout ce qui bouge.
Le chasseur est devenu danseur et c’est pas plus mal.




prince roro

Sociologue, écrivain, chanteur
8 Commentaires
  1. “Cette balade de cadres dans les airs” serait, en dĂ©finitive, le rĂ©vĂ©lateur de personnages en balade qui se donnent des airs de cadre, chapeaux Ă  l’appui ? le colonialisme, en reprĂ©sentation, n’est plus qu’inoffensives arabesques de pacotille.
    mise en abîme des regards, le réel des cadres est, lui, diffracté dans ce jeu spéculaire.

  2. @ prince roro : C’est quand mĂªme oublier les origines avec les chambres photographiques grand format Ă  visĂ©e directe sur dĂ©poli, voire les Rollei, Hasselblad, ou autres, bref, “l’Histoire ne se rĂ©pète pas elle bĂ©gaie”…

  3. @ Jean Marc
    Certes, certes, mais au-delĂ  de l’aspect technique, les “chasseurs d’image” existent et le vocabulaire associĂ© Ă  la photo a très longtemps Ă©tĂ© marquĂ© par celui de la chasse. Se mettre Ă  l’affĂ»t, en embuscade, se fondre dans le paysage, autant de techniques tirĂ©es de la cynĂ©gĂ©tique. Je crois que le numĂ©rique et son cadre baladeur Ă©loignent lĂ©gèrement le photographe du terrain de chasse. Ce ne sont, bien entendu que des considĂ©rations poĂ©tiques sur l’art de photographier.
    Bonne chasse aux images !
    @ Pascal Georges
    Merci de votre regard.

  4. @ prince Roro
    De tous temps l’outil a dĂ©terminĂ© le mode de fonctionnement de celui qui l’utilise et inversement en fonction de ses “besoins”, des limites que l’on se fixe, l’on choisit son appareil.

    Avant les petits apn, l’on prenait le temps de cadrer et de sĂ©lectionner La photo. Au professionnel les 6×6 et autres, aux amateurs les 24×36 et plus petits.
    Avant les apn l’on essayait de faire des Å“uvres d’art comme les grands, avant en plus çà coĂ»tait cher au dĂ©veloppement.
    L’Å“il collĂ© au viseur mais cachĂ© Ă  celui que l’on photographiait.

    L’introduction du numĂ©rique a changĂ© nos gestes, l’on brandit l’appareil ?
    Oui, à cause des constructeurs qui ont changé les outils, ont supprimé le viseur et greffé pour raison de captation commerciale des apn sur nos téléphones.

    “Le numĂ©rique Ă©loigne lĂ©gèrement le photographe du terrain de chasse”… pas sĂ»r du tout, bien au contraire, l’on en vient Ă  tout photographier, prĂªts justement Ă  tirer sur tout ce qui bouge… et en plus c’est gratuit.
    Et puis aujourd’hui les journaux sont prĂªts Ă  acheter n’importe quoi pourvu que ce soit un scoop, qualitĂ© ou pas, alors on photographie au cas ou… !

    “Les photographes deviennent alors des petits rats d’opĂ©ra qui lèvent leurs mains pour effectuer de jolies arabesques”… joli vision très poĂ©tique …. sauf quand tu es dans une assemblĂ©e (match, mariage, fĂªte, nouvel an) et que les 3/4 des personnes sont levĂ©es pour immortaliser le moment đŸ˜‰

  5. @ prince roco un titre pour la photo ça facilite la navigation đŸ˜‰ merci

  6. @ Bernard LVQ
    Mon approche de la photo, vous l’avez remarquĂ© est tout sauf technique, en revanche je m’intĂ©resse Ă  toutes les interfaces homme/machine qui Ă©voluent Ă  la vitesse Grand V. Au dĂ©part ces interfaces sont artificielles, arbitraires et rĂ©servĂ©es Ă  des techno-prĂªtres, les grands photographes qui maĂ®trisent une technique, puis l’interface devient plus “intuitive” et le commun des mortels peut avoir accès Ă  la modĂ©lisation de toutes les techniques prĂ©cĂ©dentes. Ce faisant, il change la posture, il ne se sert plus de l’Å“illeton mais regarde directement le rĂ©sultat sur son Ă©cran, ce qui Ă©tait rĂ©servĂ© il y a peu de temps Ă  une Ă©lite est devenu commun. Ce qui attend l’appareil photo, ce sont les Ă©volutions de l’ordinateur citĂ©es ci-dessus.
    Pour en revenir au mitraillage incessant des possesseurs de tĂ©lĂ©phone mobile, il ne s’agit nullement de photographies, mais de traces, de tĂ©moignages qui servent Ă  authentifier un discours journalistique, la dimension esthĂ©tique est très secondaire ou involontaire.
    Faire une photo, c’est la “motiver”, lui donner un sens, la cadrer et donc rĂ©vĂ©ler les traces de son Ă©nonciation. Lorsqu’on shoote Ă  tort et Ă  travers, le cadrage est une surprise, le “je” photographique devient aussi flou que la photo.
    La gestuelle qui accompagne les photos n’est pas innocente, elle rĂ©vèle la posture du photographe et quelqu’un qui avait un 6×6 quand j’Ă©tait petit se dĂ©marquait fortement des autres, il regardait en bas, pendant que tous les autres visaient la scène. La mĂ©taphore de la chasse reste valable pour toutes activitĂ©s photographiques, elle est cependant plus ou moins prĂ©sente ) cause de l’interface, il n’y a qu’Ă  voir la taille des objectifs et les “visĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques”.
    Ces interfaces qui attendent les photographes sont : les gestes : “kinepilot, la voix : “voice pilot”, ou la pensĂ©e : “neuro pilot”. Chaque gĂ©nĂ©ration d’interface conditionnera le regard et la posture de ces futurs photographes.
    đŸ™‚

  7. Pour Ăªtre moins dans la rĂ©flexion que dans le ressenti, je dirais que le texte me plaĂ®t beaucoup quand il nous conduit Ă  ces arabesques dans cette improbable mĂ©tamorphose du chasseur en danseuse. La photo du coup me déçoit quand le texte m’avait amenĂ© vers une perception plus distante, silhouettĂ©e, et assez immĂ©diatement vers “Le peintre de la tour Eiffel” de Marc Riboud…

  8. N’oubliez pas chers amis que toute image, toute photo n’est qu’un miroir et lorsqu’on en parle, on ne fait que parler de soi….. đŸ˜‰

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