« Il s'agit de trouver quelque chose d'intéressant dans un endroit ordinaire... Cela n'a pas grand-chose à voir avec les choses que vous voyez, mais cela a tout à voir avec la façon dont vous les voyez. »
Elliott ERWITT
12 Commentaires
Jean Fraipont
sur 11 novembre 2023 à 22h39
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Jolimetz (Nord)
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Anonyme
sur 11 novembre 2023 à 22h41
« maudite soit la guerre » Monument aux morts de Gentioux (23).
MRVR
Jean Fraipont
sur 11 novembre 2023 à 23h27
Chez nous, comme ailleurs sans doute, il y a aussi les histoires de famille, si vous permettez que j’évoque ces souvenirs-là aussi. Dans les villages dévastés de la fin de la guerre, il ne restait plus que les vieux, les enfants et les veuves. Pour sauver les terres et les fermes, les veuves et leurs filles étaient mariées à de jeunes garçons qui y gagnaient une terre contre une vie de sueur et de peine. Les dots s’étaient transformées en hectares et en têtes de bétail, et l’union des propriétaires était établie selon le plan cadastral avec la bénédiction du curé pas trop regardant sur les liens de cousinage. Ce qui n’a pas donné toujours de bons résultats génétiques, peu préoccupants tant que le concerné savait manier la faux ou traire les vaches selon le genre déterminé à le faire. Ceux qui avaient la malchance d’être une charge étaient placés chez les fous. Par chance, mon grand-père, qui était resté un peu secoué par des bombardements sur l’Yser, était parti au hasard mais à cheval, louant ce dernier pour des travaux de ferme, et aboutit en Hesbaye où il épousa une solide couturière flamande, régénérant ainsi la lignée et espérant ainsi restaurer des compétences familiales à peu près normales. Enfin, moi, c’est ce qu’on m’a dit…
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 7h12
C’est vrai que cette guerre a produit des bouleversements qui sont rarement évoqués. Je pourrais également faire le récit du devenir de mes grands parents qui avaient perdu deux de leurs frères sur le front.
Merci Jean de nous le rappeler.
MRVR
Estienne
sur 12 novembre 2023 à 11h15
De passage à Metz récemment, j’en ai profité pour visiter le musée de Gravelotte. On change de guerre mais celle-ci voyait la fin des charges de cavalerie hachée à la mitrailleuse et si on dit « ça tombe comme à Gravelotte », c’est que ce jour-là, des deux cotés, on a ramassé des milliers de morts. On ne ressort pas indemne de cette visite.
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 13h59
Au delà des morts, poussez vos recherches vers ceux qui ont dirigé cette boucherie. Ne perdez de vue que la France a toujours eu de grands généraux et de grands industriels.
Une pensée à ceux de Craonne!
Franville
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 14h04
Pour ceux qui aiment lire : Gaspard, Barbusse, Claudel, Céline.
Leurs récits sont édifiants…
Frvl
Matoufilou
sur 12 novembre 2023 à 19h33
Les monuments aux morts de la Grande Guerre sont comme la basilique du Sacré-cœur de Paris (contemporaine d’ailleurs) : des emblèmes qui dissimulent (et souvent entravent) l’histoire, la vraie, ou plutôt les histoires, comme celles ici racontées.
Donc pas fan de cette photo, mais à fond, Jean, derrière ton histoire, qu’il faudrait trouver à illustrer par une photo du fermier à cheval et/ou de la couturière flamande.
@ Franville : A ta liste, on peut ajouter Jünger, Genevoix, EM Remarque, pour les grands classiques, sans oublier Echenoz, Gaudé, Rouaud, Lemaître, Vuillard, pour les contemporains… Et Proust bien sûr, dans le tome final de La Recherche.
Et ce ne sont là que quelques noms : il y a tellement de grandes plumes à avoir écrit sur cette foutue guerre !
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 21h29
J’ai eu deux grands pères qui ont eu chacun la sienne, la première et la seconde. Deux témoignages sur le drame de la condition des hommes en temps de guerre.
Ces monuments glorifiant l’héroïsme et le patriotisme d’une époque usée; ils sont à présent d’une nature toute autre…
Frvl
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 21h48
J’ai des amis en Meuse. Une année, nous sommes allés au cimetière de Verdun. Sur la route, j’admirais ce relief dans les sous bois jusqu’à ce que je réalise que ces reliefs étaient des trous d’obus ( remplis d’eau, c’était très beau )…
L’année dernière nous sommes allés voir les tranchées de la soif. C’était glaçant et glacial.
Il y a des lieux comme ça, remplis d’histoire. Il y en a tant d’autres à voir…
Quel gâchis…
Anonyme
sur 12 novembre 2023 à 21h48
Anna
Matoufilou
sur 14 novembre 2023 à 10h03
Elles sont belles toutes ces histoires… A convertir en photos maintenant.
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Jolimetz (Nord)
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« maudite soit la guerre » Monument aux morts de Gentioux (23).
MRVR
Chez nous, comme ailleurs sans doute, il y a aussi les histoires de famille, si vous permettez que j’évoque ces souvenirs-là aussi. Dans les villages dévastés de la fin de la guerre, il ne restait plus que les vieux, les enfants et les veuves. Pour sauver les terres et les fermes, les veuves et leurs filles étaient mariées à de jeunes garçons qui y gagnaient une terre contre une vie de sueur et de peine. Les dots s’étaient transformées en hectares et en têtes de bétail, et l’union des propriétaires était établie selon le plan cadastral avec la bénédiction du curé pas trop regardant sur les liens de cousinage. Ce qui n’a pas donné toujours de bons résultats génétiques, peu préoccupants tant que le concerné savait manier la faux ou traire les vaches selon le genre déterminé à le faire. Ceux qui avaient la malchance d’être une charge étaient placés chez les fous. Par chance, mon grand-père, qui était resté un peu secoué par des bombardements sur l’Yser, était parti au hasard mais à cheval, louant ce dernier pour des travaux de ferme, et aboutit en Hesbaye où il épousa une solide couturière flamande, régénérant ainsi la lignée et espérant ainsi restaurer des compétences familiales à peu près normales. Enfin, moi, c’est ce qu’on m’a dit…
C’est vrai que cette guerre a produit des bouleversements qui sont rarement évoqués. Je pourrais également faire le récit du devenir de mes grands parents qui avaient perdu deux de leurs frères sur le front.
Merci Jean de nous le rappeler.
MRVR
De passage à Metz récemment, j’en ai profité pour visiter le musée de Gravelotte. On change de guerre mais celle-ci voyait la fin des charges de cavalerie hachée à la mitrailleuse et si on dit « ça tombe comme à Gravelotte », c’est que ce jour-là, des deux cotés, on a ramassé des milliers de morts. On ne ressort pas indemne de cette visite.
Au delà des morts, poussez vos recherches vers ceux qui ont dirigé cette boucherie. Ne perdez de vue que la France a toujours eu de grands généraux et de grands industriels.
Une pensée à ceux de Craonne!
Franville
Pour ceux qui aiment lire : Gaspard, Barbusse, Claudel, Céline.
Leurs récits sont édifiants…
Frvl
Les monuments aux morts de la Grande Guerre sont comme la basilique du Sacré-cœur de Paris (contemporaine d’ailleurs) : des emblèmes qui dissimulent (et souvent entravent) l’histoire, la vraie, ou plutôt les histoires, comme celles ici racontées.
Donc pas fan de cette photo, mais à fond, Jean, derrière ton histoire, qu’il faudrait trouver à illustrer par une photo du fermier à cheval et/ou de la couturière flamande.
@ Franville : A ta liste, on peut ajouter Jünger, Genevoix, EM Remarque, pour les grands classiques, sans oublier Echenoz, Gaudé, Rouaud, Lemaître, Vuillard, pour les contemporains… Et Proust bien sûr, dans le tome final de La Recherche.
Et ce ne sont là que quelques noms : il y a tellement de grandes plumes à avoir écrit sur cette foutue guerre !
J’ai eu deux grands pères qui ont eu chacun la sienne, la première et la seconde. Deux témoignages sur le drame de la condition des hommes en temps de guerre.
Ces monuments glorifiant l’héroïsme et le patriotisme d’une époque usée; ils sont à présent d’une nature toute autre…
Frvl
J’ai des amis en Meuse. Une année, nous sommes allés au cimetière de Verdun. Sur la route, j’admirais ce relief dans les sous bois jusqu’à ce que je réalise que ces reliefs étaient des trous d’obus ( remplis d’eau, c’était très beau )…
L’année dernière nous sommes allés voir les tranchées de la soif. C’était glaçant et glacial.
Il y a des lieux comme ça, remplis d’histoire. Il y en a tant d’autres à voir…
Quel gâchis…
Anna
Elles sont belles toutes ces histoires… A convertir en photos maintenant.