« L'une des déchirures propres à la poésie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment où je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis à l'épreuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif éclat, doivent cesser d'être ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le même temps le langage les sauve et les porte à leur être. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poésie ? L'Héritage d'Orphée, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe également à la photo, où c'est le même principe : ce qui a été pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est déjà plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend éventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression désormais galvaudée, une réalité « augmentée ». Ce paradoxe confirme le cousinage (à mes yeux du moins) de la photo et de la poésie. La « déchirure » propre à la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaître.
9 Commentaires
Anonyme
sur 15 mars 2023 à 13h03
Le parc est magnifique, mais j’aurais aimé voir la servante du château.
MRVR
Matoufilou
sur 15 mars 2023 à 18h08
La servante au grand cœur chère à Baudelaire ?
M.RVR
sur 15 mars 2023 à 19h01
Plus prosaïquement, je pensais à Ricet Barrier.
Estienne
sur 15 mars 2023 à 21h50
Des arbres vénérables et magnifiques dignes du parc d’un château que l’on devine plus qu’on ne le voit. J’aime ce cadrage plongeant qui minimise le bâtiment et valorise le parc. Un ciel plus chargé et un vignettage un peu appuyé auraient encore amélioré l’image (me semble-t-il …)
@ Hervé : J’avais d’abord oublié qui est Ricet Barrier, mais ton lien me l’a remis en mémoire. Merci à toi. Baudelaire peut être trivial aussi. Je te rappelle le procès de 1857, mené par le sinistre Pinard, pour “outrage aux bonnes mœurs et à la morale publique”.
@ Estienne : le vignetage ici n’aurait pas eu de sens me semble-t-il, notamment sur la partie haute. Par contre je te rejoins pour le ciel plus chargé, même si j’aurais alors fait une autre photo. Ici pour moi le sujet ce sont les châtaigniers avec les bogues au sol, signant ainsi une allée désormais désertée et un château peu fréquenté. D’où son renvoi dans le lointain des arbres.
M.RVR
sur 17 mars 2023 à 10h32
Ça me fait penser au château de Vitré. Les gueux l’auraient ils pris d’assaut?
Matoufilou
sur 17 mars 2023 à 12h15
Ce n’est pas Vitré mais Combourg, le château d’enfance de François-René.
Pour ce qui est de l’assaut, oui, ça chauffe à Rennes, où nous avons des forces de l’ordre qui aiment le sport et trouvent de jeunes adversaires à leur mesure. C’est une tradition ici, hélas, pour ceux qui comme moi aiment le dialogue. Cependant, comment dialoguer quand l’exemple ne vient pas d’en haut ?! Des photos à suivre sur les feux de poubelles et les parties de cache-cache dans les rues enfumées de l’hyper-centre ? Oui, pourquoi pas, mais il faudrait un reportage complet et LVEG n’est pas le lieu… Ces photos-là seront pour d’autres espaces. Tu seras frustré, RV, je sais, mais je vais plutôt jouer à Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo. Les échos sont lointains, il cherche le combat mais ne trouve rien, arrive toujours trop tard. Pour moi qui aime le dialogue et les histoires, ce n’est pas plus mal…
M.RVR
sur 18 mars 2023 à 16h32
Combourg, je n’étais pas loin. J’ai souvent fait la route.
Le parc est magnifique, mais j’aurais aimé voir la servante du château.
MRVR
La servante au grand cœur chère à Baudelaire ?
Plus prosaïquement, je pensais à Ricet Barrier.
Des arbres vénérables et magnifiques dignes du parc d’un château que l’on devine plus qu’on ne le voit. J’aime ce cadrage plongeant qui minimise le bâtiment et valorise le parc. Un ciel plus chargé et un vignettage un peu appuyé auraient encore amélioré l’image (me semble-t-il …)
https://www.youtube.com/watch?v=YxQ3YIN6shU
Bon, c’est vrai que Baudelaire c’est moins trivial.
@ Hervé : J’avais d’abord oublié qui est Ricet Barrier, mais ton lien me l’a remis en mémoire. Merci à toi. Baudelaire peut être trivial aussi. Je te rappelle le procès de 1857, mené par le sinistre Pinard, pour “outrage aux bonnes mœurs et à la morale publique”.
@ Estienne : le vignetage ici n’aurait pas eu de sens me semble-t-il, notamment sur la partie haute. Par contre je te rejoins pour le ciel plus chargé, même si j’aurais alors fait une autre photo. Ici pour moi le sujet ce sont les châtaigniers avec les bogues au sol, signant ainsi une allée désormais désertée et un château peu fréquenté. D’où son renvoi dans le lointain des arbres.
Ça me fait penser au château de Vitré. Les gueux l’auraient ils pris d’assaut?
Ce n’est pas Vitré mais Combourg, le château d’enfance de François-René.
Pour ce qui est de l’assaut, oui, ça chauffe à Rennes, où nous avons des forces de l’ordre qui aiment le sport et trouvent de jeunes adversaires à leur mesure. C’est une tradition ici, hélas, pour ceux qui comme moi aiment le dialogue. Cependant, comment dialoguer quand l’exemple ne vient pas d’en haut ?! Des photos à suivre sur les feux de poubelles et les parties de cache-cache dans les rues enfumées de l’hyper-centre ? Oui, pourquoi pas, mais il faudrait un reportage complet et LVEG n’est pas le lieu… Ces photos-là seront pour d’autres espaces. Tu seras frustré, RV, je sais, mais je vais plutôt jouer à Fabrice Del Dongo à la bataille de Waterloo. Les échos sont lointains, il cherche le combat mais ne trouve rien, arrive toujours trop tard. Pour moi qui aime le dialogue et les histoires, ce n’est pas plus mal…
Combourg, je n’étais pas loin. J’ai souvent fait la route.