Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
7 Commentaires
  1. Suite au commentaire d’Anonyme sur La France d’en bas.

  2. Très belle réponse.
    MRVR

  3. J’aime bien cette masse de personnes d’oĂ¹ Ă©merge ce bras et cette pancarte ! Donc la photo me plait beaucoup ! Quant au message, je ne suis pas philosophe ni politique ou syndicaliste et je constate qu’on peut encore Ăªtre en forme Ă  68 ans pour prendre sa retraite …

  4. On peut Ăªtre en forme ou pas, pour travailler Ă  68 ans (pour faire quel travail ?) Pour le constat, les stats sur L’espĂ©rance de vie en bonne santĂ©, sont plus fiables que les impressions subjectives. Elles rĂ©vèlent un Ă©cart d’une dizaine d’annĂ©es entre les cadres et les ouvriers.
    MRVR

  5. En tout cas j’ai trouvĂ© que cette jeune femme prenait superbement la lumière et la rendait très bien.

  6. @ matoufilosophe : tout Ă  fait d’accord avec toi !

  7. Par ailleurs je suis d’accord avec RV. Ça n’empĂªche pas.

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