Réaction à l’article de Philippe sur l’IA dans RP N 357




M.RVR

Jeune photographe vieillissant
26 Commentaires
  1. Dans le dernier numéro de Réponses photo, Philippe Durand nous livre un article à la fois très riche au plan informatif et fort des questions qu’il soulève au sujet des outils s’appuyant sur l’IA pour produire des images ayant l’apparence des photographies telles que nous avons l’habitude d’en voir et de considérer comme telles.
    Quelques réflexions, en vrac, pour nourrir le débat :
    – Le sous titre de son article est intitulé « Comment l’IA est devenue photographe ». C’est pousser le bouchon un peu loin. L’IA apparaît plutôt comme un outil utilisé par un couple homme-machine pour produire des images qui,peuvent ressembler à des photos, mais l’IA ne photographie rien et ne décide rien par elle même, à la différence d’un photographe.
    – Une question n’est pas abordée par Philippe : peut on faire au moyen de l’IA des photos comme on fait avec un AP ? Par exemple cadrer et déclencher pendant une promenade en forêt comme à le faire notre ami Estienne ? Je ne le pense pas, le champ de ce qui est possible de faire avec un AP ne coïncide pas totalement avec celui de la production d’images réalisées avec l’aide de l’IA.
    – Peut on appeler photo une image produite sans photon, c’est à dire sans lumière. Ne faut il pas plutôt lui trouver un autre nom ce qui pourrait permettre de déboucher sur une forme et une pratique artistique (ou pas) distincte et originale. Tout comme la photo a fini par exister distinctement de la peinture. Libérons cette pratique de la référence pesante à la photo (comme l’est l’image à la manière de Martin Parr publiée avec l’article) si c’est possible.
    – Par contre il apparaît quasiment certain, comme le suggère Philippe que le marché de l’illustration ou celui de la photo de mode risque de se restreindre à l’avenir pour les professionnels (comme il s’est déjà restreint dans d’autres domaines).
    Voila pour l’instant, à vous de réagir

  2. PS Pour moi, sans jugement de valeur, une photo, c’est une trace de lumière sur une surface sensible.
    MRVR

  3. RE PS relevant de l’action volontaire ou pas d’un opérateur humain ou pas.
    MRVR

  4. Et le plaisir du photographe ? Et l’art ? En photographie, l’art est de voir … Jean Fraipont a une citation dans sa présentation qui illustre bien mieux que moi ce qu’est l’art de la photographie et IA ou pas, c’est cela qui motive mon plaisir !

  5. Étienne on peut imaginer avoir un certain plaisir en voyant apparaître sur un écran une image qu’on a imaginé. Mais je n’appelle pas ça de la photographie.
    MRVR

  6. J’ai en tête des tas d’images et je n’attends que les circonstances favorables pour les réaliser. J’entends par “circonstances favorables” de voir ce que j’ai imaginé pour, à ce moment-là, transcender ce que j’avais en tête.
    Et j’ai aussi beaucoup de plaisir au final quand j’imprime mon image de la voir lentement sortir de l’imprimante mais c’est comme un accouchement, cela fait plusieurs jours que je souhaite cet instant … et parfois je suis déçu et je remets mon ouvrage sur le métier pour arriver à ce dont je rêve. Et j’en suis le vrai titulaire et responsable. J’ai “maîtrisé” de bout en bout la réalisation depuis le moment où j’ai vu ma photo puis que je l’ai prise jusqu’au moment où l’imprimante relâche la feuille de papier-photo …

  7. Donc il ne fait pas s’attendre à voir ton nom dans la Vie en IA. Ca tombe bien, le mien n’y sera pas non plus.

  8. Voilà des commentaires bien pertinents et excellents.
    Si je décale un peu le débat, il me semble bien avoir aperçu ici ou là (sur l’un ou l’autre de réseaux sociaux que je fréquente) des photographies tellement parfaites (composition, lumière, cadrage, etc.) qu’on en vient immédiatement à douter qu’elles puissent être l’oeuvre d’un “vrai” photographe. Si bien qu’arrive cette idée que ces images contiennent en elle-mêmes tellement de ce qu’elles sont mécaniquement que personne ne peut être dupe de leur origine. Peut-être un peu trop optimiste…

  9. Oui, je me souviens d’une photo de mode qui résultait en fait de l’addition d’une multitude de photos. L’image finale relevait peut être déjà davantage de ce que l’on obtient avec l’IA que de nos pratiques photographiques.
    MRVR

  10. Sujet compliqué et vieux débat. Pour moi la photo présentée par Philippe est bien une photo. Le produit fini est une photo. Maintenant, une photo qui n’est pas prise par un photographe est-elle encore de l’art ? C’est une production, ça donne à lire du réel, éventuellement des critères esthétiques préludent au choix de la photo, mais l’art va au-delà de tout ça. Pour autant, ici, nous qui produisons des photos, sommes-nous tous des artistes ? Pour ma part, je n’y prétends pas. Quelle différence donc entre la machine et moi ? Et franchement je ne suis pas jaloux de la machine qui a produit cette superbe vue, car j’ai un truc de plus qu’elle : je prends du plaisir à faire de la photo.

  11. Puis quand je vois ce qu’on fait avec Photoshop depuis 25 ans, quelle différence avec l’IA d’aujourd’hui ? Ça va plus vite et c’est encore plus simple qu’avant, il suffit quasi d’un message vocal, mais il y a longtemps que la photo des magazines est davantage l’affaire d’informaticiens que de photographes… Par contre, ce qui m’interroge et m’inquiète c’est le statut de la réalité. Elle est où la réalité dans toutes ces manipulations ? Qu’est-ce qu’on en fait ? Qu’est-ce qu’on veut en faire ? Et pourquoi ? La réalité a toujours été tordue par des manipulateurs dans tous les domaines, mais à quelle fin ? Où s’arrête-t-on ? Le vrai sujet, pour moi, il est ici.

  12. Bonjour Matou
    Pas d’accord avec toi sur le 1er point. Ce qu’a publié Philippe sur LVEG n’est pas une photo mais une extraordinaire image de synthèse ressemblant à s’y méprendre à une photo. Et le problème est bien qu’on s’y méprend. On prend la vessie pour une lanterne et c’est bien le but poursuivi par les promoteurs de ce produit.
    Sur nos prétentions artistiques, je partage totalement ton opinion. Restons humbles.
    Je suis également d’accord avec toi sur le fait que l’IA s’est déjà infiltré dans nos photos avec l’apparition des APN. Il y a désormais des traces d’IA dans nos photos. De même et ça nuance mon premier propos, il y a des traces de photo dans les images produites par l’IA.
    Autre interrogation futuriste, les images produites par l’IA pourront elles s’émanciper de la référence servile et mercantile à la photo, pour devenir un moyen d’expression original ? Il y a tout lieu de craindre que ce soit la tendance qui rencontrera l’intérêt du marché de l’image qui l’emportera, l’éthique et l’humanisme ne pèseront pas lourd dans la balance.
    MRVR

  13. PS je voulais parler d’images produites au moyen de l’IA plutôt que d’images produites par l’IA. C’est plus qu’une nuance.
    MRVR

  14. Cet article, au-delà d’informer sur ces technologies nouvelles, était écrit pour lancer le débat, ravi de voir que cela fonctionne !
    Dans les réactions que l’on peut avoir aujourd’hui, forcément parfois épidermiques, il faut être conscient que l’on est encore en phase d’expérimentation, on ne mesure pas jusqu’où ces technos vont aller et ce à quoi elles vont servir.
    En restant dans le domaine photographique, il y a sans doute un potentiel pour les utiliser dans son propre travail, avec une véritable démarche artistique. Si je peux entrainer l’IA avec mes propres images, est-ce que cela peut m’apporter quelque chose, est-ce que cela ouvre de nouvelles directions ? Savoir si ensuite cela mérite ou pas le nom de photographie, est-ce vraiment important ?

  15. Perso, je pense tout de même que les mots ont leur importance et j’ai du mal à supporter le détournement de leur sens de plus en plus fréquent dans notre société, ce n’est pas dépourvu d’enjeux sociaux, économiques, politiques …
    Pour ma part, je persiste à penser que la photo-graphie est une chose et que l’ image/IA en est une autre . Pour autant ces deux mondes ne sont pas étanches l’un par rapport à l’autre. Par exemple, dans ton article, ton selfie (très sympathique) est bien une photo que l’IA transforme, en suivant tes indications, avec ses algorythmes une peu comme un logiciel de retouches de photos hyper puissant. C’est différent des autres images visibles dans ton article où la trace photo-graphique est nettement moins perceptible même, si j’ai bien compris, elle n’est pas tout à fait absente.

    Par ailleurs, je comprends très bien que l’on puisse prendre du plaisir (artistique ou pas, qu’importe) à une telle pratique. Il n’y a aucune raison de la considérer avec mépris. L’inquiétude pourrait pointer notamment avec l’usage commercial jouant sur l’ambiguïté qui pourra en être fait.

    En tout cas, encore merci pour ton article stimulant, en espérant que tu continueras à nous tenir informés…

  16. PS Si j’étais plus jeune et plus agile intellectuellement, je me lancerais peut être dans une activité images/IA, mais en cherchant surtout à faire autre chose que des ersatz roublards de photo-graphies, quelque chose d’original. Ça doit être possible, non ?

  17. Personnellement, le plaisir que j’ai de prendre des photos est d’abord et surtout celui d’avoir vu l’image avant de la prendre. Et en la voyant, le plaisir d’imaginer ce que je peux en faire avec les traitements que j’aime bien et par exemple un beau Noir & Blanc. Que l’IA existe ne changera rien à ce plaisir-là !

  18. Pour ma part, le plaisir (ou la déception) est plutôt au bout du processus.

  19. Est-ce la fin de l’homo-sapiens avec les sinars, linhofs, hasselbad, leicas, nikons, etc…

  20. Peut être pas, ne serait ce que parce que l’IA ne peut fonctionner sans être alimentée par une multitude de photo-graphies qui lui permettent de produire des images.
    MRVR

  21. Je ne sais si on aura toujours besoin des photographes, mais ce qui est certain c’est qu’on aura toujours besoin des philosophes, pour décrypter ce monde qui va toujours plus vite et réfléchir à la différence de plus en plus flagrante entre réalité et vérité.

  22. Soyons tous philosophes !
    MRVR

  23. Profondément questionné par l’usage de l’intelligence artificielle dans le domaine de la photo, je viens d’acheter à mon tour le “Réponses photo” n°357 de mars, et tout me semble dit dans l’édito de Thibaut Godet : “C’est surtout notre rapport au réel qui se trouve chamboulé par cette technologie. Sans vouloir prophétiser, on verra sans doute bientôt un cliché généré par une IA remporter un concours de photographie. (…) L’intelligence artificielle pose aussi des questions sur la facilité de fabriquer de fausses informations, que ce soit en images avec la panoplie de programmes existants ou en mots avec un outil tel que Chat GPT. La photo comme témoin d’un événement, déjà écornée par Photoshop, pourrait bien finir de perdre son sens. Dans les médias, il faudra trouver des solutions pour garantir la véracité des photographies et, à plus grande échelle, savoir repérer les faux clichés. Les professionnels de l’image devront plus que jamais interroger le contenu des photos, vérifier les métadonnées, décortiquer les fichiers, pour ne pas se laisser duper et risquer de tromper le public dans la foulée.”

  24. Oui, d’une certaine façon, cette technologie nous amène à nous interroger sur ce qui nous semblait aller de soi.
    MRVR

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