La vie est belle, non ?




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
5 Commentaires
  1. Ce qui s’appelle un portrait jovial. Prochain exercice :la mĂªme attitude avec une personne vivante.
    MRVR

  2. Pas encore assez de ventre. Ou pas assez souple pour un tel selfie.
    A voir sinon pour trouver un modèle susceptible de rester jovial dans les frimas actuels des matins. Un ou une stoĂ¯que.

  3. Oui, la vie est belle ! Il est des pĂ©riodes au sortir de certains Ă©vènements oĂ¹ on peut prendre toute la mesure de cette affirmation …

  4. Un joyeux début de journée communicatif!

  5. Et qui vient faire le contrepoint, Jean, avec ta photo de prison, magnifique mais plombante. Respirons.

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