La « déchirure » propre à la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaître.
5 Commentaires
M.RVR
sur 30 janvier 2022 à 9h50
Ça donne envie d’en voir d’avantage et d’en savoir plus.
Jean Fraipont
sur 30 janvier 2022 à 13h35
Original et mystérieux
Matoufilou
sur 30 janvier 2022 à 18h38
Heureux de vous avoir donné envie d’en savoir plus.
Jacques Lucas est un genre de Facteur Cheval de mon coin de Bretagne. Voici son site : http://lamaisonsculptee.net/
Je l’ai découvert par hasard sur Internet pendant le confinement et suis allé visiter l’endroit cet automne. C’est minuscule, mais étonnant de créativité.
Voici la note prise alors :
“Jacques Lucas a 77 ans et bien qu’il ait une voix encore très fraîche et une allure alerte en dépit de la ruine d’un corps cassé par un accident, nous n’avons que peu parlé. Il avait rendez-vous avec sa peinture au grenier et j’ai bien vu qu’aucune visite ne pouvait supplanter cette urgence quotidienne, qui apparemment le meut encore (4000 toiles y seraient entreposées). Il m’a invité à faire le tour du site en autonomie et à prendre toutes les photos que je voudrais. Ce tour a été un moment d’émotion intense, notamment quand, après avoir contourné le jardinet et les communs, je suis arrivé sur l’arrière de la maison, où s’organise, autour d’un petit bassin dormant, le plus spectaculaire du bestiaire…
Cet homme, vaniteux comme tous les hommes, a laissé une empreinte modeste mais géniale. Une œuvre qui fait corps avec son environnement et que la nature un jour ingurgitera. Entre le jardin de Candide et l’amorce d’un merveilleux Baradoz retrouvé. Coupé dans son élan par son accident, le sculpteur s’en est tenu à l’essentiel : la matrice du monde autour de la figuration d’un bassin-vulve originel. Bien que j’ai fait des photos, beaucoup, à certains moments il me fallait poser l’appareil, pour regarder non plus avec les yeux et le cerveau mais avec les tripes et le cœur. Ce n’était plus la raison qui commandait l’œil mais la réalité d’un monde flottant, où, ne sachant plus ce qu’on voit ni ce qu’on recherche, il suffit de se laisser porter par l’entrelacs embrumé des creux et des bosses, des corps figurés et des motifs abstraits pour être profondément touché par cet univers singulier, à la fois intime et exposé, menacé de disparition et encore cependant bien présent (et vivant).”
Estienne
sur 30 janvier 2022 à 21h08
On a du mal à saisir l’ampleur de ce travail mais le détail est beau. La difficulté est d’en faire une belle représentation et l’espace n’est pas toujours facile à appréhender. C’est l’impression que j’ai ici …
M.RVR
sur 30 janvier 2022 à 22h10
L’inspiration ne semble pas religieuse , pourtant il me semble que l’on peut ressentir une certaine familiarité avec certaines sculptures présentes sur les façades des églises, notamment en Bretagne.
Ça donne envie d’en voir d’avantage et d’en savoir plus.
Original et mystérieux
Heureux de vous avoir donné envie d’en savoir plus.
Jacques Lucas est un genre de Facteur Cheval de mon coin de Bretagne. Voici son site : http://lamaisonsculptee.net/
Je l’ai découvert par hasard sur Internet pendant le confinement et suis allé visiter l’endroit cet automne. C’est minuscule, mais étonnant de créativité.
Voici la note prise alors :
“Jacques Lucas a 77 ans et bien qu’il ait une voix encore très fraîche et une allure alerte en dépit de la ruine d’un corps cassé par un accident, nous n’avons que peu parlé. Il avait rendez-vous avec sa peinture au grenier et j’ai bien vu qu’aucune visite ne pouvait supplanter cette urgence quotidienne, qui apparemment le meut encore (4000 toiles y seraient entreposées). Il m’a invité à faire le tour du site en autonomie et à prendre toutes les photos que je voudrais. Ce tour a été un moment d’émotion intense, notamment quand, après avoir contourné le jardinet et les communs, je suis arrivé sur l’arrière de la maison, où s’organise, autour d’un petit bassin dormant, le plus spectaculaire du bestiaire…
Cet homme, vaniteux comme tous les hommes, a laissé une empreinte modeste mais géniale. Une œuvre qui fait corps avec son environnement et que la nature un jour ingurgitera. Entre le jardin de Candide et l’amorce d’un merveilleux Baradoz retrouvé. Coupé dans son élan par son accident, le sculpteur s’en est tenu à l’essentiel : la matrice du monde autour de la figuration d’un bassin-vulve originel. Bien que j’ai fait des photos, beaucoup, à certains moments il me fallait poser l’appareil, pour regarder non plus avec les yeux et le cerveau mais avec les tripes et le cœur. Ce n’était plus la raison qui commandait l’œil mais la réalité d’un monde flottant, où, ne sachant plus ce qu’on voit ni ce qu’on recherche, il suffit de se laisser porter par l’entrelacs embrumé des creux et des bosses, des corps figurés et des motifs abstraits pour être profondément touché par cet univers singulier, à la fois intime et exposé, menacé de disparition et encore cependant bien présent (et vivant).”
On a du mal à saisir l’ampleur de ce travail mais le détail est beau. La difficulté est d’en faire une belle représentation et l’espace n’est pas toujours facile à appréhender. C’est l’impression que j’ai ici …
L’inspiration ne semble pas religieuse , pourtant il me semble que l’on peut ressentir une certaine familiarité avec certaines sculptures présentes sur les façades des églises, notamment en Bretagne.