En allant vers la pointe de Pern Ă  Gauche (Ouessant). Port-Coton Ă  droite (Belle-Ile).




Matoufilou

« L'une des dĂ©chirures propres Ă  la poĂ©sie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment oĂ¹ je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis Ă  l'Ă©preuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif Ă©clat, doivent cesser d'Ăªtre ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le mĂªme temps le langage les sauve et les porte Ă  leur Ăªtre. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poĂ©sie ? L'HĂ©ritage d'OrphĂ©e, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe Ă©galement Ă  la photo, oĂ¹ c'est le mĂªme principe : ce qui a Ă©tĂ© pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est dĂ©jĂ  plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend Ă©ventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression dĂ©sormais galvaudĂ©e, une rĂ©alitĂ© « augmentĂ©e ». Ce paradoxe confirme le cousinage (Ă  mes yeux du moins) de la photo et de la poĂ©sie. La « dĂ©chirure » propre Ă  la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaĂ®tre.
9 Commentaires
  1. Une nette prĂ©fĂ©rence pour la première mĂªme si la seconde a sa valeur !

  2. D’accord avec JF

  3. Il y a bien un Ă©lĂ©ment qui les rapproche (les aiguilles) mais deux ambiances si radicalement diffĂ©rentes que j’ai du mal Ă  les associer. Mais, comme dit ci-dessus, les deux sont intĂ©ressantes, sĂ©parĂ©ment !

  4. Celle de gauche, avec son Ă©lan minĂ©ral et son dĂ©gradĂ© de gris mĂ©rite tout le format (dĂ©jĂ  petit) et peut-Ăªtre (difficile Ă  voir ici) un tirage un peu plus contrastĂ©. La seconde ?…

  5. Encore une fois un polyptyque pour moi vaut moins par la valeur intrinsèque de chacune de ses images que par leur interaction entre elles. Ici le jeu était entre basse et moyenne saison.
    Deux extrĂªmes sur fond de paysage analogue.
    Avec en tĂªte ma rĂ©cente relecture de Xavier Grall : “C’est l’hiver qu’il faut visiter la Bretagne. C’est Ă  l’Ă©poque des vents fous et meurtriers qu’il faut battre ses chemins, visiter ses ports, se glisser dans ses chapelles humides. Armez-vous de manteaux et de bottes et arpentez ses grèves et ses collines.” (Ă©crit Ă  quelques semaines de sa mort, au dĂ©but de l’hiver 1981, et recueilli dans Les Vents m’ont dit, Ă©ditions du Cerf, 1982)

  6. Ceci encore : “Il y a une profonde tristesse de la mer. Elle n’est jamais si grande qu’aux fins de l’automne quand tombe la bruine sur les ports, quand la grisaille du ciel encrasse les maisons et les roches. Le monde alors apparaĂ®t comme une rive dĂ©solĂ©e, plate, immobile. De l’aurore au crĂ©puscule, les heures ont la mĂªme sombre couleur. La brise, lĂ©gère, ne semble plus croire en sa force.”

  7. D’accord avec Graal, mais beaucoup moins avec le diptyque, oĂ¹ je rejoins l’opinion gĂ©nĂ©rale.

  8. Grall!!!

  9. La Bretagne était le Graal de Grall !

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