« L'une des déchirures propres à la poésie », c'est que, « ce qui est devant moi, au moment où je le dis, il faut justement qu'il ne soit plus. Les objets soumis à l'épreuve du poème, pour pouvoir briller d'un vif éclat, doivent cesser d'être ce qu'ils sont pour devenir langage. » Avec ce paradoxe que « dans le même temps le langage les sauve et les porte à leur être. » (Fabrice Midal, Pourquoi la poésie ? L'Héritage d'Orphée, Pocket, 2010). Lisant cela, je songe également à la photo, où c'est le même principe : ce qui a été pris en photo (l'objet de la prise de vue) n'est déjà plus, est devenu langage. Et cependant c'est par ce langage qu'il existe, et qu'il prend éventuellement une existence nouvelle, devient, pour reprendre une expression désormais galvaudée, une réalité « augmentée ». Ce paradoxe confirme le cousinage (à mes yeux du moins) de la photo et de la poésie. La « déchirure » propre à la photo, c'est qu'elle ne fait exister son objet qu'en le faisant disparaître.
8 Commentaires
Matoufilou
sur 24 janvier 2019 à 17h50
Encore une, avant de faire une pause dans les polyptyques…
Outre le contenu en jeu (aérien/liquide vs minéral), le contraste ici n’est plus dans les teintes mais dans les formats.
L’idée étant toujours de raconter une histoire qui naisse de la juxtaposition sans s’y laisser enfermer.
Estienne
sur 25 janvier 2019 à 12h05
Par opposition au précédent, à mon sens, beaucoup de défauts sur celui-ci. Le premier et le plus important me semble être une mauvaise lisibilité des images mais aussi (et je pense que c’est une erreur dans cet exercice) les formats différents et surtout la disposition des trois images. L’eau présentée à droite a en plus une frange plus sombre sur le coté gauche ce qu semble l’exclure du tableau et cette photo retrouverait sa place si elle venait en première position (et donc avec la frange sur le bord extérieur du triptyque). La difficulté de ces tableaux avec plusieurs images vient en autre du “plan” de lecture. Un peu aussi comme une photo isolée. Entrer dans l’image, y trouver naturellement le sujet, ne pas être distrait par d’autres éléments annexes, ne pas s’en évader trop facilement … (comme un vin que l’on boit et qui s’évapore et se fait oublier trop vite). Cela suppose un cadencement qui retient le spectateur avec par exemple des images 1 et 3 dont les sujets ferment l’image sur les bords extérieurs l’image et au centre une image (2) plus symétrique qui laisse le regard glisser alternativement vers l’image de gauche et de droite … Je vais essayer d’illustrer mon propos avec un triptyque pendant ce week-end !
Matoufilou
sur 25 janvier 2019 à 14h18
Merci, Estienne, de prendre le temps d’exprimer ce ressenti.
J’avoue que je m’attendais, en cassant l’équilibre que constituent naturellement des formats identiques, à désorienter le regard. Impression encore renforcée par ce que tu dis, les sujets et lisibilités trop différents/tes.
J’ai hésité avant de la poster et en même temps, dans mon désir d’explorer vos/mes limites, je trouvais intéressant de tenter le coup.
J’attends avec impatience ta propre expérience.
Estienne
sur 25 janvier 2019 à 14h35
J’ai déjà retrouvé les images nécessaires (j’ai l’ensemble en couleur) , je les ai passé en N&B mais il faut que je reconstitue le tableau et ce sera en 3 ou en 5 images … à suivre !
Estienne
sur 25 janvier 2019 à 14h40
D’autre part, à propos des formats, j’ai déjà vu ici et ailleurs des diptyques où l’une des deux images était un carré quand l’autre était un rectangle horizontal et cela fonctionnait très bien. Un peu comme si le carré était la réflexion du spectateur devant le rectangle par exemple. J’essaie de retrouver aussi ces exemples-là …
Matoufilou
sur 25 janvier 2019 à 16h18
Ça marche…
Estienne
sur 25 janvier 2019 à 16h50
Quelques diptyques avec deux formats très différents chez Freddy Rapin par exemple : https://freddy-rapin.book.fr/
Il a sévi ici avec de très belles photos pleines de poésies et il continue son chemin …
Matoufilou
sur 26 janvier 2019 à 17h09
Merci Estienne d’évoquer Freddy. Je ne peux prétendre à la comparaison (loin de là), mais son travail, que je connais très bien, évoque beaucoup pour moi, et compte beaucoup.
Et j’imagine que ses nombreux diptyques ont influé sur mon envie d’en faire et ma façon de les aborder : c’est cette poésie-là, même si la couleur chez lui a son importance, que je cherche en mettant en relation deux photos parfois sensiblement différentes pour faire une seule image.
Encore une, avant de faire une pause dans les polyptyques…
Outre le contenu en jeu (aérien/liquide vs minéral), le contraste ici n’est plus dans les teintes mais dans les formats.
L’idée étant toujours de raconter une histoire qui naisse de la juxtaposition sans s’y laisser enfermer.
Par opposition au précédent, à mon sens, beaucoup de défauts sur celui-ci. Le premier et le plus important me semble être une mauvaise lisibilité des images mais aussi (et je pense que c’est une erreur dans cet exercice) les formats différents et surtout la disposition des trois images. L’eau présentée à droite a en plus une frange plus sombre sur le coté gauche ce qu semble l’exclure du tableau et cette photo retrouverait sa place si elle venait en première position (et donc avec la frange sur le bord extérieur du triptyque). La difficulté de ces tableaux avec plusieurs images vient en autre du “plan” de lecture. Un peu aussi comme une photo isolée. Entrer dans l’image, y trouver naturellement le sujet, ne pas être distrait par d’autres éléments annexes, ne pas s’en évader trop facilement … (comme un vin que l’on boit et qui s’évapore et se fait oublier trop vite). Cela suppose un cadencement qui retient le spectateur avec par exemple des images 1 et 3 dont les sujets ferment l’image sur les bords extérieurs l’image et au centre une image (2) plus symétrique qui laisse le regard glisser alternativement vers l’image de gauche et de droite … Je vais essayer d’illustrer mon propos avec un triptyque pendant ce week-end !
Merci, Estienne, de prendre le temps d’exprimer ce ressenti.
J’avoue que je m’attendais, en cassant l’équilibre que constituent naturellement des formats identiques, à désorienter le regard. Impression encore renforcée par ce que tu dis, les sujets et lisibilités trop différents/tes.
J’ai hésité avant de la poster et en même temps, dans mon désir d’explorer vos/mes limites, je trouvais intéressant de tenter le coup.
J’attends avec impatience ta propre expérience.
J’ai déjà retrouvé les images nécessaires (j’ai l’ensemble en couleur) , je les ai passé en N&B mais il faut que je reconstitue le tableau et ce sera en 3 ou en 5 images … à suivre !
D’autre part, à propos des formats, j’ai déjà vu ici et ailleurs des diptyques où l’une des deux images était un carré quand l’autre était un rectangle horizontal et cela fonctionnait très bien. Un peu comme si le carré était la réflexion du spectateur devant le rectangle par exemple. J’essaie de retrouver aussi ces exemples-là …
Ça marche…
Quelques diptyques avec deux formats très différents chez Freddy Rapin par exemple : https://freddy-rapin.book.fr/
Il a sévi ici avec de très belles photos pleines de poésies et il continue son chemin …
Merci Estienne d’évoquer Freddy. Je ne peux prétendre à la comparaison (loin de là), mais son travail, que je connais très bien, évoque beaucoup pour moi, et compte beaucoup.
Et j’imagine que ses nombreux diptyques ont influé sur mon envie d’en faire et ma façon de les aborder : c’est cette poésie-là, même si la couleur chez lui a son importance, que je cherche en mettant en relation deux photos parfois sensiblement différentes pour faire une seule image.