GBertrand

Susan Sontag : "Une photographie passe pour une preuve irrécusable qu'un événement donné s'est bien produit."
19 Commentaires
  1. Terrifiant !

  2. vulgaire !

  3. Pour être clair, je trouve cette photo très réussie… La qualifier de vulgaire me parait étrange. Mais bon, ça ne laisse donc pas indifférent ! Je me demandais pourquoi il n’y avait pas de commentaires. On dirait que cette image choque, mais je ne comprends pas pourquoi.

  4. Je crois comprendre la réaction de efde.
    Comme le travail de GBertrand est pour l’essentiel basé sur du montage et appelle à l’imaginaire, la référence historique à un crime contre l’humanité peut paraître triviale, ou choquante…
    Peut-être que les explications de l’auteur lèveront cette impression désagréable ?

  5. Voilà un mot terrible. “Vulgaire” ?! Une vraie claque!
    Donc je raconte. Merci les amis de me tendre la perche.
    J’ai visité Oradour-sur-Glane il y a plus d’un an et en suis sorti, je suppose comme tous, meurtri.
    Je me suis dit que j’allais en parler…en “image”.
    Mais comment le dire sans pathos, comment le dire sans vulgarité. Comment le dire ?
    Un an et rien.
    Et, il y a 3 jours, les photos que j’avais prises ce jour-là me sont passées sous les yeux.
    Et, hier, associer la photo d’école de l’année 1942-43 de l’école du village AVANT, avec un de mes clichés m’est apparu évident.
    J’ai détaché délicatement chaque image d’enfant pour le replacer dans son enfer. D’où ces petits fantômes encore présents dans les décombres…
    Si cette image est “vulgaire”, que penser du Tres de Mayo de Goya, du massacre de Scio de Delacroix,de Guernica ou encore des Misères de la guerre de Calot ?
    Bon, je n’ai pas le même talent, mais l’esprit reste le même et l’écoeurement identique.

  6. Vulgaire? Je n’y aurais pas pensé. Réussie? La mise en scène serait réussie? Je n’en sais rien.
    Comment dire Oradour sans pathos, dites-vous GBertrand… Mais justement vous le dites avec pathos. Le ciel, les enfants, l’angle de prise de vue de la ruine.
    Je comprends le désir de transmettre, mais la démonstration est un peu trop appuyée sans doute. Je dis juste ça. Pas que je suis choquée, mais que la démonstration est un peu trop appuyée.
    A Oradour l’Histoire vous est immédiatement lancinante. J’en garde le souvenir de ces machines à coudre Singer qui dans chaque maison, avaient résisté au feu. Objets dérisoires… Mesure terrifiante de la barbarie.

  7. Oradour, c’est d’abord une sensation de malaise. Ce sont des hommes qui ont fait cela. Etaient-ils si différents de nous avant cette horreur ? Après, je pense qu’ils l’étaient … mais avant ? Sommes-nous capables de cela ? Voilà mon malaise ! Alors j’ai toujours du mal à parler de ce qui se rapporte à des événements de ce genre, que ce soit à propos d’une photo ou de toutes autres choses ! Et je pense que c’est la bonne raison pour laquelle il faut préserver ces lieux.

  8. @Brigitte : comme tout le monde (!!) tu as vu “l’image manquante” de Rithy Panh, qui est passé sur Arte cette semaine. Pour pallier l’absence d’images du génocide cambodgien, il a adopté un dispositif de figurines en terre, qu’il introduit parfois dans les rares images d’archive. J’y vois une grande parenté avec l’image que GBertrand nous propose.
    Personne ne pourra rendre l’émotion du visiteur. Mais on peut proposer sa propre vision retravaillée de ce moment.
    je trouve cette photo très émouvante (mais Guernica m’ennuie…)
    @Estienne : “avant”, la division das Reich a massacré depuis le début de la guerre. Elle a été formée en partie de volontaires, pour être une division “d’élite”, c’est à dire capable du pire. Les anciens formaient les jeunes, ce qui voulait dire leur transmettre les “valeurs” de cette division. Oradour n’a pas été un déchainement de violence soudain, impromptu, mais une opération de terreur préméditée. Ces gens étaient donc dans leur immense majorité “différents”, intégrés pour cela dans cette division…

  9. Merci à ceux qui ont compris mes intentions et de l’avoir écrit. Sans en vouloir aux autres, bien sûr.
    Je ne suis pas naïf et je sais que ce type d'”image” peut jusqu’à aller frôler l’obscénité. Plus que la vulgarité donc.
    Quelques citations s’il fallait se faire mieux comprendre:
    «Voyez dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés : l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’à mon plus profond mépris.» écrit Jacques Rivette
    Quelques années plus tôt, Luc Moullet avait préparé le terrain en écrivant que «la morale est affaire de travelling», axiome que Jean-Luc Godard, sous le coup de la vision du Nuit et Brouillard de Resnais, avait génialement inversé afin de le transformer en véritable dogme cinématographique – «les travellings sont affaire de morale».
    Peinture, cinéma, théâtre, photographie (de guerre, de faits divers, de…montage), nulle part on n’échappe à ces choix qui esthétiques au départ peuvent dévoyer le propos pourtant aux intentions sincères.
    Et puisqu’on parle ici plutôt de photographie, que penser des superbes photos de Delgado sur La Mine d’or de Serra Pelada ? L’horreur mais avec des éclairages magnifiques et la sueur qui fait briller les corps souffrants. Quand on connaît l’homme, on n’a aucun doute sur sa sincérité et pourtant la misère plus belle au soleil, ça pose des questions, non ?
    Le débat n’est jamais clos, mais peut-on en tirer des conclusions ?

  10. Quoi qu’on dise, même si cette image dévie un peu du propos, je l’ai déjà intégrée à ma série Manières noires (déjà le titre !).

  11. Rien de vulgaire pour moi dans cette image. Elle rend même plutôt bien hommage à ce qui c’est passé là bas. Par contre, pas fan de la “réalisation”… L’ajout du ciel est “trop visible” et le halo n’apporte pas grand chose je trouve.

  12. Comme Ben, j’y vois plutôt une sorte d’hommage.
    20% des voix pour l’extrême droite à la dernière présidentielle, ç’est ça qui est vulgaire.

  13. @Blagapart. Quelque soit la forme choisie par Rithy Panh, sa tentative de dire est légitimée par le fait qu’il est partie prenante de cette histoire et qu’il “tente” de la dire.
    Ici on est dans la volonté de démontrer. C’est cette démonstration de l’horreur qui me gêne. L’horreur n’a pas besoin d’être démontrée. Elle est. Et on en prend les signes dans ce qui reste.
    @ G Bertrand. Je ne condamne pas votre démarche. Je m’interroge.

  14. @Brigitte : la démonstration (monstration ?) de l’horreur, ce serait mettre des cadavres dans la photo. Ici, on a une représentation; et un contraste temporel. Quant à être partie prenante, ça ne légitime rien ; après tout, personne ne connait l’histoire personnelle du photographe, et ce n’est pas “l’objet”. Et puis, pendant des siècles, des peintres et des sculpteurs ont représenté la crucifixion sans avoir participé de près ou de loin à l’événement…

  15. Oui, bon… C’est vrai… peut-être… mais quand même!
    Là où j’ai peut-être raison c’est qu’on n’a pas besoin d’exagérer l’horreur ni de vouloir lui donner plus de relief.

  16. Belle présence de ces enfants.

  17. Cette image accroche c’est sûr mais comme Brigitte et peut-être efde j’ai eu du mal avec le traitement de l’image qui de mon ressenti ne va pas avec le propos que vous avez voulu partager. Dans votre image, on s’égare dans le fantastique alors qu’il n’y a pas d’ambiguïté, ce qui s’est passé à cet endroit est bien dans le réel, il n’y a pas un poil de surnaturel à Oradour en 1944.

  18. les lieux l’histoire , la mémoire collective se suffisent à eux mêmes et à vouloir trop démontrer, on risque de tomber dans le grand guignol ;ce montage m’évoque plus immédiatement un film d’épouvante ou une scène d’Halloween que le massacre d’Oradour ; la photo originelle était très belle et avait selon moi une puissance suggestive assez forte pour se passer de ces “ajjouts”; même si la parole “vulgaire” est inappropriée, je comprends parfaitement la réaction de efde

  19. “ajouts” bien sûr 🙂

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