Alors que je travaillais sur le thème des parallèles sur une place à Lyon, un groupe de CRS se trouvait sur le trottoir en face de moi, bien aligné… J’ai tenté quelques essais en utilisant les bandes de la chaussée et le groupe d’individus en question. C’est alors que le groupe s’est mis en marche (encore plus aligné) pour traverser la rue. J’ai saisi cette image à ce moment là en pressentant la raison qui les faisait traverser. C’était moi! M’ayant vu prendre des photos, les forces de l’ordre ont souhaité les voir (puisque c’est numérique montrez les nous!). Ils m’ont alors demandé d’effacer les photos sur lesquelles ils étaient présent de plein pied en utilisant le droit l’image bien qu’aucun d’entre eux ne soit reconnaissable (ils étaient quand même à quelques metres de moi).

– Vous n’êtes pas journaliste donc vous n’avez pas le droit de nous prendre en photo. Ou alors vous avez le droit de le faire quand on est dans une manif mais pas quand nous sommes cachés. (cachés sur le trottoir d’en face!)

Il s’en est suivi une discussion agitée d’une quinzaine de minutes appuyée de nombreuses menaces. A chaque fois que j’expliquai que j’avais le droit de photographier quiquonque, que c’était l’exploitation de cette image qui entrainait l’obligation de prendre en compte le droit à l’image de la personne photographiée, on me répondait:

– Et bien pas de problème, suivez nous et vous verrez cela en garde à vue avec l’officier de la police judicière. Effacez cette photo!

Ayant suffisament perdu de temps (et considérant qu’eux aussi…!) J’ai donc effacé ces photos.

Celle-ci est restée et c’est sans aucun doute la meilleur…

Cependant, y-a t’il un juriste dans l’auditoire?

Il y a fort a parier que les semaines et mois qui nous attendent soient ponctués de moultes manifestations et autres mécontentements populaires. J’avoue être de ceux qui dans ces cas là souhaitent être témoins des événements. Les “casseurs” peuvent être présent mais par expérience je suis bien obligé de constater qu’ils ne détiennent pas le monopole de la provocation, ni des violences gratuites, insultes et injures racistes. Je souhaite réaliser des reportages photos sur ces comportements. Sans vouloir jeter le discrédit sur les actions de la police, je pense qu’il est necessaire de témoigner d’abus préjudiciables pour la société.

Quelqu’un sait il exactement quel droit à l’image s’applique sur les forces de l’ordre ?

Si ce travail me conduit en garde à vu, autant savoir pourquoi!

Vos réactions sont les bienvenues… sur la photo elle même et/ou sur son commentaire… Une version couleur de cette image est à voir sur mon site : http://www.fabiemarquet.com




Fabien Marquet

Photographge amateur lyonnais...
34 Commentaires
  1. belle photo… à mon avis ce genre d’absences de libertés ne va pas aller en se réduisant!!

  2. C’est vrai que la question du droit est intéressante.Mais nous avions à RP un jour il y à quelques années signé une pétition pour cela.

  3. méchante l’ambiance…ça doit faire un truc quand même quand ces gens là viennent te voir…de près !
    a t’il rangé son joujou avant de te parler ?

  4. J’imagine que le droit à l’image est le même pour tous, C.R.S ou pas. Il faut demander l’autorisation avant de photographier quelqu’un. Perso, je trouve ça plutôt normal.

  5. Ils (les CRS) en ont assez de se faire filmer (tels protables) en train de faire des bavures etc .. alors je crains l’allergie à l’image … mais cela n’excuse rien à mon sens et ils n’ont pas travaillé dans le sens de leur image auprès de tous.

  6. les crs c’est comme les écureuils…il faut un 300mm au minimum 🙂 je sais de quoi je parle,j’en ai un dans mon jardin! (écureuil bien sûre)

  7. Concernant le droit à l’image, je ne sais pas.
    Concernant la photo, je la trouve très très bien. (la version N/B est à mon avis plus intéressante, elle dramatise encore plus la situation (qui est dramatique…).)
    Franchement bravo.

  8. merci pour vos commentaires, pour répondre à Aurenck le joujou est resté accroché à la ceinture…
    Serge, le fait de demander l’autorisation de qq avant de le prendre en photo n’est il pas que de la politesse? je trouve cela tout à fait normal aussi mais ca ne s’applique pas à toute les situations, tu perds le naturel de la personne, je préfère prendre la photo en essayant de faire en sorte qu’on ne me voit pas et demander l’autorisation si je compte l’exploiter (si elle doit aller dans la corbeille de mon ordi ce n’est peut etre pas necessaire…)
    Si quelqu’un à d’autres éléments?

  9. le droit à l’image est très compliqué,il faudrait effectivement éplucher les textes de près…mais une chose est certaine,c’est que nous pouvons photographier tout ce qui est du domaine public mais sans que celà porte atteinte aux dites personnes photographiées…dans ton cas,c’est limite…et qui cherche des noises ,peut toujours en trouver…mieux vaut faire comme eux (se cacher 😉 )…tu prends un telezoom,te caches sous une voiture,et prends les pieds…là pas de problèmes 😉

  10. Images captées dans un lieu public

    Les tribunaux ont tendances aujourd’hui à débouter les plaignants quand les circonstances suivantes sont réunies :

    – Le sujet est une personne ou un bien exposé en public.
    – La diffusion n’entraîne pas de préjudice pour la personne filmée ou la personne en possession du bien.
    – Il n’y a pas d’exploitation abusive et préjudiciable pour le bien ou la personne.

    Définition d’un lieu public

    La cour de cassation a défini un lieu public comme étant un lieu accessible à tous sans autorisation spéciale de quiconque, que l’accès en soit permanent ou subordonné à certaines conditions heures ou causes déterminées.
    Si la notion est claire dans certains cas (la rue…), elle est plus floue dans beaucoup d’autres. Ainsi il a été considéré que :
    – une plage privée même payante peut être un lieu public (la plage reste ouverte à tous malgré le péage).
    – les lieux de culte sont des lieux publics.
    – une prison est en revanche un lieu privé.

  11. Merci marie pour tes précisions. Je pensais bien être finalement dans mon droit…
    En ce qui concerne le fait de se cacher, je crois quand même que pour le coup si les CRS m’avait trouver sous une voiture, cette fois je serais bel et bien en garde à vue;-)
    Sinon je ne pense pas chercher des noises à la police mais simplement montrer un version, une vision, de mouvements dont un seul aspect transparait aujourd’hui. Les casseurs sont les méchants et vont en prison, les policiers sont gentils et font leur travail. La vie réelle n’est malheureusement pas si simple dans les faits…

  12. les noises…c’est eux qui t’en cherchaient…c’était dans ce sens que je le disais 😉 …mais il faut cependant rester très prudent en matière de ce droit à l’image,les affaires de ce genre se traitent au K*K…il ne faut pas que l’image soit centrée sur la personne ou le bien,que se soit une vue d’ensemble etc etc…bref,si un crs ne veut pas se faire photographier,mieux vaut ne pas le shooter! 😉
    quant à se planquer sous une voiture,c’est une boutade…j’imagine bien la fin du reportage 🙂

  13. @ Marie: Attention à la définition du préjudice tout de même; l’idée qu’on se fait à titre privé de ce qui est préjudiciable est parfois différente de l’idée qu’en ont les tribunaux. Par exemple : deux cavaliers se promènent au botte à botte en amoureux sur une plage sur fond de coucher de soleil. Une chaine de télé en vadrouille trouve la scène jolie et filme d’autant que lez cavaliers se font des papouilles; Diffusion le soir même … manque de chance, les deux cavaliers sont mariés mais pas ensemble… la cavalière se trouve devant la télé en compagnie de son mari lors de la diffusion!!! Divorce. Action contre la chaine de télé : gagnée. ( ceci est une histoire vraie, je connais les protagonistes).

  14. Pour info, j’ai diffusé le lien vers cette page dans mon asso (pas une asso de photographe en l’occurence) et j’invite les gens à lire nos commentaires … histoire que chacun réfléchisse à nos droits.

  15. oui serge…c’est bien là le problème et la faiblesse de l’aspect juridique! chacun sa perception du préjudiciable…et chacun se fait une image de sa propre image…donc,il n’est pas possible de connaitre à l’avance ce que représente l’image de celui dont on a volé l’image…bref,il vaut mieux ne pas prendre l’image du tout! 😉

  16. Pour compléter cette discussion sur ce qui peut etre ou non préjudiciable pour autrui, je vous rejoints sur le fait qu’on ne peut le prédire. Je pense aussi qu’il est préférable de ne pas exploiter ou publier une photo avec des personnages reconnaissables. Cela bride en quelque sorte la création mais cela oblige également à trouver d’autres points de vue, d’autres vitesses d’obturation pour que les ou les personnages trouvent leurs places dans une composition sans pour autant les rendre identifiables.
    Ceci annule de fait le droit à l’image mais il faut bien prendre les photos pour pouvoir faire les essais. L’absence de liberté soulevée ici ne se situe pas au niveau de ce que l’on fait de la photo mais simplement de la possiblité de la prendre.

  17. Quand à l’idée du téléobjectif de marie, c’est certe plus pratique et moins voyant mais l’angle de vue en est changé. La contre plongée de la photo de cet article qui joue sur les lignes de la chaussée mais qui met également au premier plan le joujou du crs de gauche n’aurait à mon avis pas la même force si elle n’avait pas été réalisé au grand angle.
    La distance entre le sujet et le télé aurait sans doute été ressenti, et c’est la proximité des deux qui crée l’impact.

  18. il est clair qu’avec un télé tu n’aurais pas fait cette image,qui est d’ailleurs excellente ;),il a le doigt pointé sur quoi exactement? (celui de gauche)…
    en tout cas,ton image a un impact très fort,on ressent bien la restriction des libertés avec de telles bottes vues sous cet angle…et je trouve que le N&B est le bon traitement!
    Maintenant,pour le reste…seul un bon juriste pourrait te dire…je n’ai lu nullepart qu’il fallait être journaliste et avoir une autorisation spéciale pour photographier des scènes de rue!

  19. Le droit à l’information

    A titre exceptionnel, la liberté de la presse et le droit à l’information du public permettent en certaines circonstances de limiter le caractère exclusif du droit à l’image. L’image doit être alors utilisée à des fins d’information, d’actualité ou historiques. Sous réserve, bien entendu, du respect de la dignité humaine.

    C’est valable :

    – dans le cas des personnes publiques (artistes, hommes politiques…), mais uniquement quand ils sont dans l’exercice stricte de leurs activités publiques. Par exemple, la publication sans autorisation de la photographie d’un juge téléphonant d’une cabine publique porte atteinte à son droit à l’image puisqu’il n’a pas été prouvé qu’il téléphonait dans le cadre de son travail (Cours d’appel Paris 1re ch., 19 septembre 1995).
    – dans le cas de personnes impliquées dans un événement public, pour des images comportant peu de personnes parfaitement reconnaissables (manifestations par exemple).

    maintenant,est-ce que celà s’applique à tout à chacun,ou seulement à la presse?

  20. Le doigt de l’homme de gauche est pointé sur un pistolet à flashball. Les flashball ont été très utilisées dernièrement pour dissiper les manifestations anti sarkozy. Les forces de l’ordre tirent directement dans les manisfestants. Les balles utilisées sont en caoutchouc et font 4 cm de diamètre. C’est (selon wikipédia) l’équivalent en force du’ne balle d’un pistolet 38 classique. La seule différence (importante tout de même) c’est qu’elle ne pénètre pas la peua et ne peut donc pas tuer. La douleur immobilise par contre la personne touchée.

  21. @Marie : question de point de vue. Ici je ne perçois pas ( par cette image telle quelle ) ce qui peut faire penser à une restricition des libertés . Des bottes ont un jour mis l’europe en coupe règlée,jeté la France à genoux et supprimé toutes les libertés. d’autres bottes ont ramené ces libertés. Sincèrement, je regarde cette image, plutôt bonne d’ailleurs, je ne ressens pas cette atteinte aux libertés.

  22. toutes les bottes ne se ressemblent pas 😉 … et celles que je porte aujourd’hui sont pleine de boues :)… je trouve malgré tout, à travers cette image,une ambiance menaçante,le cadrage très restrictif me fait penser à cette restriction dont je parlais au dessus…et les lignes droites qui convergent aussi vers des bottes,me font penser que la liberté,le droit chemin va vers cette restriction! c’est juste une interprétation que je me fais de cette image 😉

  23. @ Marie et @ fabien : oui, l’ambiance vient bien de l’image et de son cadrage, peut – être pas de la situation en elle même. ( Les CRS existent depuis si longtemps et ont servi tous les régimes…) d’où l’attention que nous devons porter aux photos que nous pourrions faire des personnes, car nous les mettons ” en scène ” et risquons de donner à leur image une ambiance comme vous dites qui n’est pas la leur.
    Je ne suis pas CRS et je m’en balance un peu; ceci dit je n’ai jamais vu une photo sympa d’un CRS, ce qui montre le parti pris des medias en général ( il est finalement assez mal vu de prendre le parti de défendre leur cause…!) pourtant la statistique voudrait qu’il y ait nécessairement des gens sympas et souriants dans leur rangs aussi. Simplement ceux là ne sont probablement pas photographiés parce que pas conformes à l’image ” fascho” qu’il faut donner des CRS pour être dans le ton. Non ?? Ou alors quand il font leur boulot, ils ne sont pas en situation de sourire !!

    @ Fabien: Promis, je ne squate plus ta page !!!

  24. de toutes évidences … il se cachent aussi dans ces bottes … des rires et des sourires…mais dans d’autres situations 😉
    je ne saquate plus non plus!!!

  25. Oui cette photo est vraiment bien. Je regrette techniquement ce petit poteau bien net au premier plan. Sinon je la trouve assez hypnotisante.

    Les crs, le droit à l’image… Je trouve pour ma part qu’effectivement il ne devrait y avoir aucun problème a photographier la police, crs ou autre gendarme ou militaire. N’oublions pas qu’ils travaillent pour nous, le peuple, et sont mis en place et payés par l’état, représentant de : nous, le peuple. Enfin, quand nous començons à craindre de prendre en photo les représentants de l’ordre, garants de notre sécurité, il y a malaise… Faudrait-il que nous nous cachions pour prendre en photo ceux qui qui nous protègent? De quoi ont-ils peurs? Le problème est là pour moi d’ordre ethique, moral, plus que juridique. N’oublions pas que celui qui ne veut pas être pris en photo a quelque chose à cacher, et en l’occurence, les hommes et femmes de l’ordre devraient être fiers de leur métier, de leurs responsabilités, pour peu qu’il s’en sentent investis et qu’ils soient guidés par des compétences dignes. Si leur image par les médias est salie, c’est d’une part que les médias ne s’interressent qu’à eux dans les moments où ils sont moins sympathiques à l’image, d’autre part que les exces de violence sont “faciles” à dénicher dans les moments où ils (crs) s’expriment…
    En définitive, il ne devrait dans aucun régime y a voir de restriction à montrer quel que soit le moment les forces de l’autorité puisque représentantes de notre peuple et garantes de notre sécurité à tous. Le contraire est la marque indefectible de declin de notre liberté fondamentale à tous. Ce qui est sans appel, indigne de notre siecle et de notre humanité, et mérite d’être combattu.

  26. @ Laurent PIRARD: Oui ok dans les grands principes. Il y aurait cependant aussi pas mal à répondre à ton propos du reste fort interessant, mais ce blog est avant tout photographique, et j’ai promis de ne plus squatter la page de Fabien.

    cette photo est par ailleurs plutôt bonne selon moi (mais je ne suis pas expert). Elle possède une excellente qualité sur le plan photographique c’est d’être fortement SUBJECTIVE, ce qui est quand même bien le propos d’une photo et ce qui fait sa qualité en tant que telle. De là à en faire un document attestant d’une atteinte aux libertés, il y a un pas.

  27. Pour ne pas quatter, je te réponds sur ton mail via ton site…
    En résumé : l’image n’atteste pas, c’est son commentaire de l’auteur + l’image qui atteste.

  28. Fabien,
    J’aime bien ce qui émane de ta photo .
    Une impression de danger qui avance vers soi ( alors que ce devrait-être l’inverse).
    Le contraste de la dominante noire: goudron, uniformes et des lignes blanches. Le poteau en premier plan est pour moi un élément quasi comique: petit, au milieu, il oblige “l’ordre”, “la force”, à dévier de sa trajectoire.Comme un gros “doigt d’honneur”, il fait un peu “obus de la dissidence” en contrepoids du flash-ball .
    La position de maintien caractéristique du flashball ( la main gauche ( celle du coeur!)tenant la main droite)est aussi très parlante , on a envie de la tourner en dérision, comme s’il s’empêchait lui-même de l’utiliser ( le flash ball).
    Finalement cette photo pourrait avoir sa lecture comique et dérisoire d’une situation devenant dramatique, mais le pied droit, flou, du premier agent prend un virage à droite et ça c’est très inquiétant!!
    Ne pas baisser les bras, montrer reste essentiel.

  29. Merci Alexis pour cette lecture d’image percutante. je partage ton analyse alors que, promis, je ne les ai pas fait poser!

  30. Merci Alexis Q. pour cette lecture singulière…

  31. je ne suis pas juriste mais personne ne peut t’interdire de shooter Hormis certains lieux…
    zone militaire, aéroportuaire (même lorsque tu es hors zone…..), enceinte privée etc….
    maintenant tes crs tu pouvais les shooter (pour toi)tu as apparement connaissance de l’implication d’une publication, même ici sur “lavieengris”.
    Si à l’avenir ce genre d’images de branche, j’ai un petit truc mais je le diffuse avec parcimonie.
    Passes par mon mail pour en savoir plus si tu es vraiment motivé.

  32. j’oubliais l’essentiel,…
    ton image, j’aime.

  33. 5 pour ton image, 5 pour ton témoignage, 5 pour éviter cinq ans de plus.

  34. La photo est un témoignage.
    La liberté de témoigner est un signe évident de démocratie.
    Lorsque la photo est à la fois belle et utile, c’est une réussite.

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